L'Ere du Vent, de Pierre Bameul

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Détails

L'ère du vent

Titre : L'Ere du Vent

Auteur : Pierre Bameul

Nombre de pages : 360

Editeur : Editions Armada

Genre : science-fiction

Prix papier : 18€

Prix numérique : 6€

 

Résumé

Au XXIVè siècle, une gigantesque guerre nucléaire appelée le Grand Suicide a laissé l'humanité exsangue, presque entièrement anéantie, stérilisant la quasi-totalité des hommes. Sur les ruines de la civilisation moderne, les rares survivants se sont rassemblés sous l'égide de plusieurs chefs, politiques ou religieux, et la vie a repris son cours dans une société dirigée par l'Eglise de la Foi Salvatrice, qui a proscrit tout vestige technologique de l'Ancien Temps et a ordonné la mise à l'écart des Goublins, des êtres difformes durement touchés par les radiations résiduelles du Grand Suicide et qui vivent loin des humains, dans les terres encore irradiées. 

En 2492, dans le Royaume des Îles Unies, un petit état bilingue formé par les îles anglo-normandes et dirigé par la reine Betty IV, Jay Vaast, un jeune homme tout juste diplômé de la Corporation des Traducteurs, est appelé aux côtés de la Reine en tant qu'Etalon Royal. Sa mission : féconder la Reine afin de donner une héritière au trône. 

Mais Wendy Sarnia, sa compagne, ne voit pas d'un très bon oeil cet ordre royal. Egalement jeune diplômée, elle est appelée à travailler avec Monseigneur Sean O'Grady, un évêque de l'Eglise de la Foi Salvatrice, en tant que traductrice. 

Mais dans l'ombre, un complot se trame contre la reine, une reine un peu trop progressiste aux yeux des dirigeants religieux qui entendent bien asseoir totalement leur pouvoir en empêchant tout retour aux techniques et technologies d'antan.

Le conflit qui va se jouer sera décisif, et déterminera l'évolution de l'humanité dans une ère où le vent est la seule énergie utilisée.

 

Critique

L'illustration de couverture est magnifique. Armada étant une maison plutôt jeune, je trouve important de parler de la qualité d'édition des formats papier qu'ils proposent. 

Et c'est une très bonne qualité. On peut éventuellement regretter le choix d'une couverture souple, qui donne un aspect un peu cheap au livre, mais les pages ont une bonne épaisseur, l'impression est de qualité, et la reliure est excellente. 

Ceci étant dit, entrons dans le vif du sujet.

Personnellement, je n'ai que moyennement aimé ce roman. Pour commencer, le sous-genre de science-fiction choisi par l'auteur est très déroutant pour le grand public et le non-initié, qui pensent bien souvent que sci-fi rime avec space-opera. Dans L'Ere du Vent, on se retrouve dans un futur très rétro, sans la technologie moderne à laquelle on peut s'attendre dans un ouvrage de science-fiction, et même, sans la technologie actuelle. La seule énergie étant celle de l'air comprimé, les applications sont extrêmement réduites, et ne servent guère qu'à faire se mouvoir des bateaux, des planeurs et des voitures très rudimentaires. Par contre, on assiste à un réalisme désabusé de la part de l'auteur, et qui ne plaira pas à beaucoup : malgré l'absence de la technologie, les humains sont quand même parvenus à créer des armes de guerre, des fusils à air comprimé qui propulsent de petites aiguilles d'acier.

L'écriture de l'auteur est assez médiocre. Dans une première partie du roman (les 200 premières pages environ), il se perd dans des descriptions aussi interminables qu'imprécises, chose en général fatale dans la science-fiction où l'imagination du lecteur doit, à mon sens, être le moins possible sollicitée. À cela s'ajoutent l'utilisation forcenée de l'anglais, justifiée, je suppose, par la culture des îles anglo-normandes, qui ne sont pourtant que juridiquement rattachées à la couronne britannique (et pas culturellement), mais un anglais extrêmement scolaire, bourré d'erreurs de syntaxe ; des clins d'oeil et des private jokes incessants destinés principalement aux habitants de ces îles et aux normands pure souche (ou alors je suis inculte, mais je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle les natifs du Cotentin sont appelés des Crochus, ou ceux de Jersey (ou de Guernesey, euh, pardon...de Guernsey, à l'anlaise, comme dans le roman) des Lapins...et vous ?) ; un étalage systématique d'une culture aéronautique et d'une connaissance géographique approfondie de la région, prétextant l'utilisation à outrance de termes techniques et de descriptions inintéressantes qui ne font qu'alourdir la lecture et qui cassent le rythme et le déroulement du scénario ; des répétitions très fréquentes ; une floppée de précisions lourdingues, dans lesquelles l'auteur nous explique la signification des propos de certains personnages, lorsque ceux-ci donnent dans l'ironie ou l'humour à double sens (!!!). 

Voilà pour la forme.

En ce qui concerne le fond, le roman est constitué de deux parties bien distinctes. La première dure à peu près les deux cents premières pages, et il ne s'y passe strictement RIEN. Jay Vaast est appelé auprès de la reine et passe son temps à la troncher dans toutes les pièces du Palais Royal, dans toutes les positions, pendant des nuits entières, avec des précisions qui donnent un côté immensément sexy aux scènes de cul ("leurs pilosités se mêlaient"), pendant que Wendy Sarnia, sa compagne, se morfond de moins en moins dans son boulot, puisqu'elle essaye de se taper (et elle y arrive) Monseigneur O'Grady, qui est non seulement un évêque mais aussi son supérieur hiérarchique direct. Les lourdeurs de l'écriture rendent cette première partie très difficile à lire, tant on attend qu'il s'y passe enfin quelque chose tout en s'efforçant de supporter le style lourd et indigeste de l'auteur. Mais cette première partie a le mérite de poser les bases de la société et de son fonctionnement, et de tout expliquer au lecteur : le Grand Suicide, une société devenue matriarcale (précisions à ce sujet : nous vivons actuellement dans une société patriarcale qui tend de plus en plus vers une société égalitaire, ou du moins qui s'y essaye. Le passage vers une société matriarcale est donc totalement irréaliste, puisqu'elle ne serait qu'une inversion des abus et des dérives de la société patriarcale. Grosse erreur de l'auteur, qui n'y voit sans doute qu'un moyen de projeter dans son oeuvre des fantasmes purement personnels au vu de certaines scènes, comme cette relation sexuelle forcée subie puis appréciée par deux jeunes femmes, qui finissent même par avoir un orgasme et par devenir bi-sexuelle l'une avec l'autre par après, se faisant plaisir en se remémorant à quel point ça a été génial, cette tournante forcée sur une table en bois, dans un bateau qui puait à gerber une vieille odeur de poisson, et fin de l'apparté), l'interdiction de l'électricité jusqu'à la proscription même du mot, l'étendue de la technologie permise par l'utilisation de l'air comprimé, la royauté, le monde redessiné.

Elle permet également d'installer la majeure partie des personnages, et de les faire connaitre un minimum au lecteur.

La deuxième partie du roman décrit le conflit entre la royauté et l'Eglise avec une précision bienvenue. Le rythme est soutenu sans être précipité, les descriptions se font aussi brèves que précises, il n'y a aucun temps mort, aucune incohérence (sauf, éventuellement, la tyrolienne improvisée entre Brecqhou et Sercq). La deuxième partie est également une ruche grouillant de coups de théatre plus ou moins prévisibles, et qui révèle des personnages savoureux et des intrigues incroyables. 

Alors certes, on est soulagé en voyant qu'il se passe enfin quelque chose, mais cette déferlante d'action(s), de révélations, d'intrigues, dessert un peu le roman, qui ne se contente d'être réellement intéressant que dans son dernier tiers. En outre, ça rappelle un peu le syndrôme Tales of Symphonia, ce qui est loin d'être un compliment, même si ici, le scénario reste relativement bien travaillé et amené.

Pour finir sur une note optimiste, il m'a fallu près de 10 jours pour réussir à lire les 200 premières pages, alors que la fin du roman (soit à peu près autant de pages) a été avalée en moins de 2h.

 

Les + : 

+ bonne mise en place du monde, des personnages, des intrigues, des enjeux 

+ une seconde partie haletante et très accrocheuse

+ une mise en scène efficace dans la seconde partie

+ un choix de sous-genre et d'environnement très original...

 

Les - : 

- ...mais très déroutant

- une écriture particulièrement lourde

- un anglais omniprésent et très médiocre

- une première partie difficilement abordable, à la limite du supportable

- une présentation de fantasmes sexuels purement masculins et particilièrement gerbatifs.

 

Ma note : 5/10.

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