Chroniques des Dragons oubliés de Jacques Sadoul
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- Créé le dimanche 17 août 2014 09:17
- Mis à jour le dimanche 17 août 2014 09:17
- Écrit par Mobius
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Titre : Chroniques des Dragons oubliés
Auteur : Jacques Sadoul
Nombre de tomes : 2
Nombre de pages : 396
Editeur : Imagine Flammarion
Prix : ~20€
Genre : fantasy
Résumé : Quatre personnages contemporains (un paléontologue, une shampouineuse, un guide de safari africain, une actrice chinoise spécialisée dans les arts martiaux) et une nymphe d'un autre temps et d'un autre monde sont aspirés sur une terre parallèle pour y composer l'Aragne, une entité qui doit être reformée tous les trois mille ans pour combattre la mystérieuse Noirceur...
Commence alors pour nos champions, auxquels s'ajoute un Maitre-Chat doué de la parole, une aventure aux enjeux cosmiques. Mages, dragons, sortilèges, gnomes, elfes, hordes barbares, déchainements de bruit et de fureur, aucune rencontre insolite, aucune épreuve hors normes ne leur sera épargnée dans leur lutte contre la Noirceur. Une lutte à l'issue d'autant plus douteuse qu'ils comptent parmi eux une émanation du Mal...
Combinant la veine épique et la veine féérique de la fantasy, Jacques Sadoul, grand connaisseur du genre, livre ici une saga haute en couleur, où l'humour a aussi sa place.
Critique : moi qui n'aime pas du tout le genre, je dois avouer que là, j'ai été bluffé. De manière générale d'ailleurs, j'aime beaucoup les romans de Sadoul, que ce soit ses oeuvres de fantasy ou ses polars (un autre genre que j'abhorre pourtant par-dessus tout et plus que tout autre).
Dans sa Chronique des Dragons oubliés, il nous emmène sur un monde parallèle au nôtre, en compagnie de quatre quidams lambda comme vous et moi : un professeur sexagénaire de paléontologie américain, une jeune employée d'un salon de coiffure à Toulouse, un gigantesque Noir qui guide des touristes dans des safaris en Afrique, et une petite actrice chinoise qui pratique le kung-fu pour des films d'arts martiaux hong-kongais.
Ces quatre personnes sont accompagnées par un être très ancien et d'une puissance phénoménale, Mylène, une nymphe qui vient d'un autre monde où le temps n'existe pas, et qui, depuis une cinquantaine d'années, occupe le corps d'une jeune femme blonde à la beauté envoûtante.
Ces cinq personnes devront composer ensemble dans un monde qui a connu une évolution contraire au nôtre : zéro technologie, tout à la magie.
La nymphe Mylène est un personnage récurrent dans une partie de l'oeuvre de Sadoul, le cycle du Domaine de R., composé de 5 romans écrits entre 1960 et 1991.
La Chronique des Dragons oubliés, écrite entre 1998 et 2000, est le premier tome de la série Shaggartha, ce mot étant aussi le nom du monde dans lesquels nos 5 héros doivent combattre la Noirceur. Le second tome, Chroniques de la Mana perdue, raconte l'origine de Shaggartha et le pourquoi de l'existence des dragons.
Le récit est très bien écrit, et les descriptions, indispensables pour le genre, sont très détaillées, sans l'être trop. Il arrive qu'il faille se concentrer et relire une ou deux fois pour bien appréhender et visualiser le lieu, mais rien de dérangeant. Les objets, les êtres et les situations typiques du fantastique échappent dieu merci à un descriptif ultra-détaillé et surchargé d'explications pompeuses et inutiles, comme c'est souvent le cas chez pas mal d'auteurs du genre. Bien qu'on trouve ici une narration omnisciente, l'auteur ne résiste pas à l'envie d'adopter parfois le point de vue très rationnel et pragmatique d'un humain bien de chez nous, face à des choses qui le dépassent. Et ce n'est pas un mauvais point, dans la mesure où ces pics de surprise qui émaillent l'aventure contribuent à des descriptions précises.
Les dialogues, en revanche, sont assez catastrophiques. Je suis de ces gens qui pensent que dans un roman, les dialogues, qui sont censés être des paroles, de l'oral, doivent être écrites d'une façon très...orale, justement. Pour moi, c'est ce qui, en grande partie, permet de donner une véritable identité propre aux personnages, ce qui les distingue des autres.
Ici, dialogues = récit. Il n'y a aucune différenciation de style, et dans les rares morceaux de dialogue sans verbe introducteur, il est strictement impossible de savoir qui parle. C'est dommage, parce que c'est vraiment le seul point noir que je note.
Dans l'exemple de ce roman, il est évident qu'un érudit américain, bedonnant, vieux et sage, s'exprimera d'une façon qui n'aura strictement rien à voir avec une gamine française de 20 piges qui touche le SMIC pour laver des tignasses dans un salon de coiffure. Ou, pour basculer dans le monde parallèle très marqué par une certaine forme de monarchie, il est évident aussi qu'un bouseux d'un village de cent âmes aura un parlé autrement différent de celui d'un roi.
Eh bien dans ce roman, pas de différence. Non seulement c'est un peu chiant à lire parce que c'est toujours quasiment du registre soutenu, mais en plus, la fluidité du récit s'en trouve alourdie, à cause de la présence quasi systématique des verbes introducteurs...présence nécessaire, du coup, parce que comme je le disais un peu plus haut, les très rares fois où ils ne sont pas présents, il est impossible de dire quel personnage parle.
Ceci étant, le scénario se déroule de manière magistrale, les coups de théatre et les retournements de situation interviennent presque dès le début de l'intrigue, et on est happé irrésistiblement vers ce monde incroyable, que l'on découvre à différentes époques au travers des pérégrinations de nos personnages.
Bref, un très bon roman de fantasy pour ceux qui n'aiment pas le genre !
Points positifs :
- l'histoire et son déroulement
- l'ambiance et l'atmosphère, changeantes en fonction des époques, parfaitement restituées et détaillées
- les descriptions, ni trop pesantes, ni trop "light" (suffisamment rare, dans le genre, pour que ça soit signalé)
Points négatifs :
- les dialogues