Blue Bloods 1 : Les vampires de Manhattan de Melissa de la Cruz

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Détails

(J'ai indiqué le nom VO de la saga, Blue Bloods, afin que les critiques soient classées ensemble ; ce nom ne figure pas sur l'édition VF)

Titre : Les vampires de Manhattan

Titre original : Blue Bloods

Auteur : Melissa de la Cruz

Nombre de tomes : 6

  • Les vampires de Manhattan (Blue Bloods)
  • Les sang-bleu (Masquerade)
  • Les sang d'argent (Revelations)
  • Le baiser du vampire (The Van Alen Legacy)
  • Le secret de l'ange (Misguided Angel)
  • Bloody Valentine
  • Keys to the Repository
  • Wolf Pact

Nombre de pages : 341

Editeur : Albin Michel

Editeur original : Hyperion Paperbacks

Genre : bit lit/chick lit (adolescents/jeunes adultes)

Prix : 13,50 euros

Résumé : Dans le cercle fermé de la jeunesse dorée de Manhattan, évoluent des garçons et des filles magnifiques, branchés et snobs. Quand Aggie, élève du très select lycée Duchesne est découverte morte, vidée de son sang, le cours de la vie dans ce microcosme semble se dérégler. D'étranges symptômes alertent les élèves : ils sont hors du commun. Grâce à leurs aînés ils découvrent leur nature de "sang-bleus" et les codes qui régissent cette famille. Théodora aidée de ses amis enquête sur la mort de la jeune fille et comprend que certains d'entre eux bafouent les lois et mettent la survie de cette ancienne lignée en péril. Parviendront-ils à se protéger du danger qui les assaille ?

Critique :

Les vampires de Manhattan m'a donné l'impression d'une très bonne idée mal attifée, ce qui est un peu le comble pour un bouquin qui parle autant de mode. Melissa de la Cruz propose une mythologie très intéressante, où les vampires sont d'anciens anges déchus essayant de se faire pardonner de Dieu. Voilà qui nous change un peu de Judas. Evidemment, comme dans toute histoire reposant sur une base biblique, vous vous doutez qu'il y a parmi eux de mauvais anges déchus qui ne souhaitent pas être pardonnés... L'histoire du sang bleu - signe distinctif des vampires - m'a rappelé l'affaire d'une femme accidentée à Amiens (parfois, c'est en Angleterre, parfois dans l'entre deux guerres ou plus récemment) qui aurait eu le sang bleu. Bon, ne vous emballez pas. Cette histoire est surtout racontée sur les sites du paranormal et il est plus probable, vu l'attitude de ses vampires, que Melissa de la Cruz se soit inspirée de l'expression "sang bleu" pour la couleur de leur sang. Par contre, Melissa de la Cruz se base sur d'autres faits historiques bien réels, comme la (pas si mystérieuse) disparition de la colonie de Roanoke ; les habitants ne laissèrent pour seul indice que le mot CROATOAN gravé sur du bois. L'auteur a aussi quelques bonnes idées concernant la vie des vampires. Sans trop en révéler non plus, ceux-ci ont la particularité de se réincarner.

Malheureusement, Les vampires de Manhattan a beau s'écarter de certains poncifs de la mythologie vampirique, il n'en est pas moins bardé de défauts sur le plan littéraire. Les personnages sont dans l'ensemble très creux (on a du mal à croire en leurs sentiments) et irritants entre Théodora, l'héroïne riche pas si riche avec sa famille proche de la ruine qui s'habille dans des surplus, prend le bus, mais connaît tout de même très bien les hôtels de luxe (la logique c'est la logique), Oliver qui est très très riche mais ne le montre pas car il est différent, les soupirs de Bliss qui est très riche mais ne sait pas s'habiller car elle vient du Texas et a l'air d'une plouc même dans des vêtements de grande marque, et les autres, comme Mimi, qui sont des paroxysmes de futilité et de paraître. On pourrait penser que Melissa de la Cruz se moque de la jeunesse dorée mais il semble que non, ou du moins rarement (seulement si le personnage en question est malveillant, comme Mimi). J'avais vraiment envie de trouver les héros de de la Cruz sympathiques, mais non. Et puis, cet étalage de marques de luxe et de snobisme à chaque page, peut-être que ça peut en faire rêver certains, mais dans l'ensemble ça reste très agaçant et rend Les vampires de Manhattan aussi futile que les personnages qu'il met en scène. Notez qu'il paraîtrait que c'est glamour. Euh. Ah...

Les vampires de Manhattan se paye aussi le luxe d'un début trop longuet sur la vie de riches lycéens trop trop passionnante de nos héros, et d'une fin beaucoup trop rapide, précipitée, brouillonne, avec des Deus Ex Machina à la con en veux-tu, en voilà. Théodora se fout dans la mouise ? Rassurez-vous, elle est sauvée par deux fois par des personnages qui ont senti, vous voyez, qu'elle était en danger. Que l'un des personnages lui battait froid et refusait son contact un chapitre avant n'a aucune espèce d'importance, bien entendu. Théodora est tout de même sacrement coconne pour refaire deux fois la même erreur. Avec ça, on a le droit à des révélations que l'on devine bien avant l'héroïne, notamment sur l'identité de l'inconnu venant rendre visite à sa mère. Que le roman soit destiné à un public d'adolescents et de jeunes adultes n'excusent pas l'imbécilité et les grosses ficelles. Je lis encore des romans "Young Adult", j'en ai même en anglais comme The Silver Kiss (La solitude du buveur de sang), et ils sont mieux fagotés sans être pour autant plus longs.

Comme pour d'autres romans, je me suis dit qu'il y avait peut-être un souci de traduction. Par exemple, Schuyler est renommée Théodora en français. Sans aucun doute pour une question de prononciation. Peut-être y a-t-il des changements plus profonds. J'ai pris le premier paragraphe du livre. Pourquoi ? Parce que si un éditeur voulait zapper des détails jugés inutiles, il me paraît tout à fait approprié. C'est une longue description architecturale.

The Bank was a decrepit stone building at the tail end of Houston Street, on the last divide between the gritty East Village and the wilds of the Lower East Side. Once the headquarters of the venerable Van Alen investment and brokerage house, it was an imposing, squat presence, a paradigm of the beaux-arts style, with a classic six-column façade and an intimidating row of "dentals"—razor-sharp serrations on the pediment's surface. For many years it stood on the corner of Houston and Essex, desolate, empty, and abandoned, until one winter evening when an eye-patch–wearing nightclub promoter chanced upon it after polishing off a hot dog at Katz's Deli. He was looking for a venue to showcase the new music his DJs were spinning—a dark, haunted sound they were calling "Trance.”

Le Bank était un bâtiment de pierre décrépit situé tout au bout de Houston Street, à la limite entre les gravats d’East Village et les régions reculées du Lower East Side. Ancien siège de la vénérable compagnie d’investissement et de courtage Van Alen, il avait une présence imposante, massive, dans le plus pur style beaux-arts : façade à six colonnes, fronton intimidant bordé de dentelures aiguisées comme des rasoirs. Il était resté vide, désolé et abandonné pendant des années, jusqu’au soir d’hiver où un patron de boîtes de nuit borgne était tombé dessus par hasard en sortant de Katz’s Deli, où il venait d’avaler un hot dog. Il cherchait justement un local où présenter la nouvelle musique que mixaient ses DJ’s : un son obsédant et sombre qu’ils appelaient « trance ».

Bon, il y a quelques points de forme sur lesquels on pourrait débattre. Je pense que la plupart des modifications syntaxiques peuvent se justifier afin de rendre la traduction française plus fluide. Globalement, le style de l'auteur est bien là et, à part la suppression de "on the corner of Houston and Essex", pour moi y a pas de quoi crier au scandale.

Un autre extrait du chapitre 2 :

Mimi was popularity personified. She had the golden-girl good looks and tanned, Pilates-toned limbs that came with the Queen Bee position—but she transcended the stereotype while embodying the essence of it. She had a size twenty-two waist and a size ten shoe. She ate junk food every day and never gained an ounce. She went to bed with all her makeup on and woke up with a clear, unblemished complexion, just like her conscience.

Mimi, c'était le succès en personne. Elle avait la beauté de la jeunesse dorée et les membres lisses, tonifiés à la gym Pilates, qui allaient avec son statut de reine des abeilles ; mais elle transcendait le stéréotype tout en l'incarnant dans son essence même. Elle s'habillait en trente-quatre et chaussait du quarante-deux. Elle mangeait n'importe quoi sans jamais prendre un gramme. Elle allait se coucher sans se démaquiller et se réveillait le teint clair, immaculé comme sa conscience.

Par contre, j'ai noté un point d'adaptation "non-sensique".

The two of them had been best friends ever since the second grade, when Schuyler's nanny forgot to pack her lunch one day, and Oliver had given her half of his lettuce and mayo sandwich.

Tous deux étaient amis depuis le CE1 : un beau jour, la gouvernante de Theodora avait oublié de lui donner son déjeuner, et Oliver avait partagé avec elle son sandwich salade-mayo.

Okay, mais le CE1 n'existe pas aux USA, donc on a un gros contresens culturel. C'est comme si on traduisait le FBI ou le CIA par le GIGN ou je ne sais quoi. Pourquoi ne pas avoir mis une note plutôt, comme pour d'autres passages ?

Bref, sur les autres passages que j'ai comparés, je n'ai pas remarqué des réécritures complètes comme pour Les démons de Kyrian. Ce qui ne signifie pas que la traduction soit bonne de bout en bout - je n'ai pas le temps de tout comparer - mais il ne semble pas y avoir de sabotage.

Points forts :

  • Une mythologie originale

Points faibles :

  • Début trop long, fin trop rapide
  • Si l'auteur voulait nous prouver que les riches sont demeurés et inintéressants, elle y arrive parfaitement. Dommage que ce ne soit sans doute pas voulu...
  • Le titre français qui révèle le sujet du bouquin...

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