Jamais deux sans trois 1 - Naomi + Ethan + Javier
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- Créé le lundi 29 juillet 2013 14:08
- Mis à jour le lundi 29 juillet 2013 14:44
- Écrit par Roshieru
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/!\ Lu à partir de l'édition numérique
Titre : Jamais deux sans trois 1 – Naomi + Ethan + Javier
Titre original : Freakn' Shifters series 1 - Delicate Freakn' Flower
Auteur : Eve Langlais
Nombre de tomes : 4 tomes (stand alone)
- Book #1 Delicate Freakn' Flower
- Book #2 Jealous And Freakn'
- Book #3 Already Freakn' Mated
- Book #4 Human and Freakn'
- Book #3.5 Jungle Freakn' Bride
Nombre de pages : 312
Éditeur : Milady
Éditeur original : Eve Langlais
Prix : 5,99 €
Genre : porno, urban fantasy
Résumé : L’Amour avec un grand A… à trois !
Élevée dans une famille chaotique, Naomi la louve aspire à une vie de tranquillité loin des métamorphes et surtout des mâles dominants. Mais lorsque le destin – sous la forme d’une balle de crosse – lui fait rencontrer non pas une mais deux âmes sœurs, Naomi freine des quatre fers. Ethan, l’immense ours, et Javier, le sensuel jaguar, parviendront-ils à la séduire et la convaincre que la vie avec eux ne virera pas constamment à l’anarchie ?
Critique :
Autant j'applaudis des mains et des pieds Milady pour nous avoir offert autant de bonnes séries d'Urban Fantasy, autant cette dérive navrante vers le porno racoleur et mal écrit me laisse sans voix. Ou devrais-je dire maladroitement traduit ? Dans la VO, on remarque un peu plus l'humour sarcastique de l'auteur, qui pourrait donner une nuance second degré au tout si l'histoire n'avait pas autant le cul entre deux chaises (ce n'est ni totalement sérieux ni totalement dans la parodie du genre, et c'est là le problème). Qu'importe ! ici, il est question de la VF, alors rien à faire si le côté original de la force s'avère meilleur. La version française est un festival de verbes ternes et de répétitions ("décharge" de désir ou électrique sur moins de trois paragraphes dans le chapitre 2, ça ne s'invente pas).
Pour résumer en quelques mots le concept de ce premier volume, Jamais deux sans trois parle de ménage à trois ou threesome. Autrement dit, les trois finissent ensemble sans qu'aucun se sacrifie pour le bien des deux autres. Jusque là, pas de problème pour moi : chacun fait comme il veut, et cela pouvait donner quelque chose d'intéressant. L'histoire met donc en scène une louve qui se prend pour une "putain de fleur délicate" (cf. le titre VO) et deux mâles qui brillent par leur intelligence et leur subtilité.
"Avec un sourire lubrique, il mima le fait de donner une fessée à une partenaire imaginaire avant d’honorer celle-ci de quelques coups de reins."
Bien que leur capacité au lit se résume donc à "quelques coups de reins", ces deux mâles aiment les métaphores sportives pour se vanter de leur grande endurance et de leurs partouzes.
"Des parties en équipe pendant lesquelles ils avaient tous les deux marqué de nombreux buts. De bons amis qui faisaient presque tout ensemble."
Presque tout ensemble, mais pas l'un dans l'autre : malheureusement, le roman n'ira pas dans cette voie même si tout y était (des sportifs musclés, l'un qui porte le numéro 69 en match, des vestiaires, des douches, de la sueur, une amitié virile... autant d'indices qui pourraient faire penser que...). Ils sont néanmoins adeptes du sadomasochisme platonique dans les douches.
"— D’accord, mon pote. Allons-y. Tu as manifestement besoin d’évacuer un peu de pression. Autant le faire tout de suite. Tu n’as qu’à considérer comme un service la raclée que je vais te mettre, parce que l’œil au beurre noir que tu vas avoir sera assorti à celui de ton âme sœur.
— J’aimerais bien voir ça.
Avec un sourire carnassier, Ethan s’approcha de son ami en balançant les bras, les autres membres de l’équipe quittant précipitamment les douches."
Leur sensibilité est aussi à fleur de peau. La preuve, ils ne font pas de mal aux femmes. Vraiment aucun. Même pas psychologiquement parlant.
"Pourtant, même si l’idée qu’il se faisait d’une conversation sensuelle se résumait à « Suce-moi plus vite » et « Penche-toi », Ethan n’aurait jamais fait le moindre mal à une femme. Si j’ajoute « ma chérie » à la fin, elle prendra ça pour des mots doux ?"
"Et puis, je pourrais toujours avoir recours aux tactiques de mon père et la jeter sur mon épaule pour aller lui faire l’amour dans les bois, à la montagnarde."
"— Ma mère a dit la même chose à mon père, la première fois qu’ils se sont vus, avoua Ethan. N’ayant pas aimé sa réponse, il l’a jetée sur son épaule et l’a retenue prisonnière dans une grotte pendant deux semaines, lui faisant l’amour plusieurs fois par jour, jusqu’à ce qu’elle finisse par reconnaître qu’elle l’aimait, elle aussi, ajouta-t-il avec un sourire suffisant."
Je note donc que le "viol" s'appelle désormais "à la montagnarde". Et que j'ai intérêt à me méfier la prochaine fois qu'on m'invitera à déguster une fondue savoyarde ! (bref, prends note, jeune homme en fleur qui me lit peut-être : ce n'est pas grave si tu ligotes et forces ta petite amie à t'ouvrir grand les jambes. Même si elles disent non, toutes les femmes aiment ça comme des salopes !) Bien sûr, Naomi est horrifiée à l'idée d'être agressée par ces malotrus !
"Agacée, frustrée et excitée comme une chienne en chaleur à l’idée qu’ils puissent la ligoter pour abuser d’elle, elle prit une gorgée de jus d’orange, sa soif soudaine prenant le dessus sur tout le reste."
Le roman est aussi empli de romantisme vibrant...
"Elle parvint à se retenir de rougir, même si ce fut très difficile quand elle se rappela la promesse qu’ils lui avaient faite juste avant de descendre.
« Pour fêter notre victoire, on commandera une bouteille de champagne, avait commencé Javier.
— Et on en versera le contenu sur ton corps nu, avait poursuivi Ethan.
— On te nettoiera à coups de langue.
— Ensuite, on s’occupera de ton joli petit cul pour le préparer à la queue de Javier.
— Pendant que je t’apprendrai à prendre du plaisir par-derrière, Ethan te fera un cunni et te fera jouir. Et alors que tu en trembleras encore, ma queue toujours enfoncée en toi…
— … Je te baiserai avec mon gros engin jusqu’à ce que tu cries et qu’on te fasse jouir tous les deux. Puis, on continuera jusqu’à ce que tu aies un nouvel orgasme. »"
Ce livre nous renseigne aussi sur la façon de reconnaître notre âme sœur lorsque nous la croisons. Indice : les signes physiques sont proches de la cystite.
"Naomi l’interrompit en lui lançant un regard glacial en complète contradiction avec son entrejambe en fusion."
D'ailleurs, Naomi passe son temps à avoir "l'entrejambe détrempée". A sa place, je consulterai un gynéco. Bref, nos trois métamorphes se tournent autour, bandent, mouillent, éjaculent et... Voilà le scénario. THE END. Non, je n'ai rien oublié. Ah si, il y a une vague histoire d'agression, et c'est tout.
Comment la collection qui nous livre Maeve Regan peut-elle se fourvoyer dans cette fiction creuse qu'est Jamais deux sans trois ? Si l'on m'avait dit que Milady faisait les fonds de tiroir de Fictionpress, je l'aurais cru volontiers. D'ailleurs, je ne suis pas si loin de la réalité puisqu'il s'agit d'une auteure auto-éditée. Je n'ai rien contre les auteurs auto-édités. Il y en a de très bons, et Eve Langlais n'écrit pas si mal que ça dans la version originale. En plus, elle est honnête sur le contenu de sa production ("I write really raunchy stuff--usually with werewolves lol.", soit "j'écris des choses vraiment vulgaires ; habituellement avec des loup-garous, lol"). Mais voilà qui sert ma comparaison. Est-ce que le succès de Cinquante nuances de monsieur en gris pousse Milady à nous prendre pour des truffes sans esprit critique et à fouiller l'auto-édition américaine pour trouver des "perles" ? Vu les commentaires élogieux qui surgissent sur Amazon, je crains que son lectorat l'ait en tout cas pris ainsi. Oh, bien sûr, j'imagine que le contenu brûlant va permettre à cette série de se vendre par camion. Je sais aussi qu'il est nécessaire de vendre des idioties par cageots pour financer la sortie de séries vouées à moins de succès. Même si l'arrêt progressif desdites séries (les fans de Kate Daniels doivent kiffer de la sortie de Jamais deux sans trois...) commencent à me faire douter de l'argument... Et ce n'est pas Jamais deux sans trois qui va redorer le blason de la "bit-lit" et de la "paranormal romance" parce qu'il ne fait que confirmer tous les clichés que l'on accole au genre : creux et uniquement centré sur la cruciale question de savoir quand l'héroïne va se faire baiser par tous les trous par le(s) mâle(s) alpha(s). Sans parler sur le côté glauque de cette relation à trois sur lequel je vais revenir plus loin.
Si j'ai fini par craquer et jeter Riley Jenson par la fenêtre, cette nouvelle série me fait regretter mon geste et reconsidérer mon divorce avec la louve aux fesses en feu. Au moins, Riley Jenson possède un univers et des personnages intéressants, quoique parfois sous-exploités. Surtout, l'intrigue est présente. Ici, tout est à peine esquissé. Nous ne savons rien des métamorphes ni même du monde dans lequel ils évoluent. A vrai dire, c'est à peine fantastique ! La nature "animale" de nos héros sert avant tout à justifier leur libido et le fait de les mettre en ménage à trois. D'ailleurs, il faudra tout de même m'expliquer d'où vient ce fantasme de louve-salope constamment en chaleur chez les écrivains. Que je sache, une louve ne cherche à se reproduire qu'une fois par an. Comparé à nous, c'est un animal sobre. Du coup, je vois d'autres rapprochements avec la série australienne : les métamorphes ne pensent qu'à copuler, sont violents et obsédés par le concept d'âme sœur. Je ne donnerai qu'un conseil à nos écrivaines : quitte à avoir des métamorphes obsédés, prenez les bonobos. Ce sera plus cohérent.
Un dernier point m'a littéralement achevée. Dans cette série, les métamorphes ont donc des âmes sœurs désignées par le destin, qui est un sacré enfoiré, soit dit en passant. A la base, l'héroïne souhaite se marier à un homme cultivé ET humain. Lorsqu'elle rencontre ses deux âmes sœurs, elle continue à s'accrocher à son rêve. Le point qui m'a retournée, c'est l'attitude de sa mère : loin de l'encourager à décider de sa vie future, elle lui force la main pour qu'elle sorte avec les deux zouaves. D'office, elle décrète que ce sont ses petits amis. Sous prétexte que c'est le destin et qu'elle ne peut pas s'en écarter. Pire : alors que sa fille est blessée, elle l'a fait raccompagner par les deux inconnus et leur donne des cachets pour qu'ils la droguent "pour son propre bien" (sic!). Elle est pourtant bien placé pour connaître le tempérament impulsif des métamorphes. Dans le genre "violez ma fille", on ne fait pas mieux ! Même s'il ne se passe rien de grave, je me suis carrément étranglée tellement c'est énorme. Durant quelques très longues secondes, j'ai eu une pensée amère pour les femmes et filles victimes de mariages forcés, à qui l'on doit sortir le même bobard. En tant que femme, j'ai trouvé ça horrible et odieux. Je ne sais pas s'il s'agissait de second degré, mais ça m'a mis très mal à l'aise.
Quant aux deux hommes, même le plus libertin des deux se range à la "raison biologique" en oubliant ses récriminations (qui n'auront duré que l'instant d'une tirade). Et histoire de parachever le tout, pour eux le sentimentalisme consiste à harceler une femme jusqu'à ce qu'elle soit obligée de les accepter (cf. chapitre 4).
Pour ces deux points, l'on pourrait se réfugier derrière l'humour et invoquer que Jamais deux sans trois parodie les excès du genre. Hélas, si l'auteure sait se montrer sarcastique, elle se cantonne bien sagement dans les clichés et les suit à la lettre sans jamais les critiquer (happy end niais inclus). Résultat, tout ça sonne très premier degré et fait froid dans le dos !
Bref, bravo Milady pour cette passionnante sortie !
Points forts :
- Le threesome ?
- L'humour ?
Points faibles :
- Arrêter certaines séries pour publier "ça"