ES de Fuyumi Soryo

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Détails

(note : je n'ai pas le temps de scanner mes volumes et je n'ai pas trouvé les couvertures après le premier volume en assez bonne qualité. Donc... vous vous en passerez dans l'immédiat : D)

Titre : ES Eternal Sabbath

Titre original : ES Eternal Sabbath

Auteur : Fuyumi Soryo

Nombre de tomes : 8 (série terminée)

Editeur : Glénat

Editeur original : Kôdansha

Prix : 6,90 euros

Genre : seinen, anticipation (SF), thriller, psychologie

Résumé : Shuro est un jeune homme comme les autres. En apparence seulement... Il est capable d'entrer dans l'esprit des gens et de les manipuler. Effacer un souvenir ou causer des hallucinations est un jeu d'enfant pour lui et c'est ainsi qu'il parasite l'existence d'autrui, en se faisant passer pour un ami, un enfant ou un collègue avant d'effacer la mémoire de ses victimes et de disparaître dans la nature. Jusqu'à ce qu'il rencontre Mine Kujô, une scientifique spécialisée dans la physiologie du cerveau et dont l'esprit ne peut être pénétré. Pour Mine, Shuro, qui a endossé l'identité de Ryonosuke Akiba, est un mystère insondable. Lorsque plusieurs meurtres inexpliqués se produisent, elle ne tarde pas à comprendre que ceux-ci sont liés au jeune homme et à son passé douloureux. Avec l'aide de Sakaki, un scientifique ayant connu Shuro lors de sa jeunesse, elle tente de percer les secrets du gène ES et de mettre fin au massacre...

Critique :

Fuyumi Soryo est avant tout connue pour Mars, shôjo en 15 volumes parus chez Kodansha au Japon. Avec Eternal Sabbath (ou ES), elle s'attaque à un tout autre genre d'histoire. Le manga fut publié dans Morning, un magazine seinen réputé, où furent notamment édités Kakarichô Shima Kôsaku de Kenshi Hirokane ou, plus récemment, Planètes de Makoto Yukimura. ES est-il un digne représentant du genre ou un titre à oublier au plus vite ?

ES part avec un postulat de base exploité jusqu'à la moelle par bien d'autres oeuvres : celui des pouvoirs psi. Je m'attendais au pire, comme une reprise grossière de cette vieille légende pseudo-scientifique de l'Homme qui n'utilise que 10 ou 20% de son cerveau. Pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, c'est totalement faux et nous utilisons bien toutes nos capacités. Cependant, l'activation de telle ou telle zone dépend de notre activité, donc on n'utilise pas constamment tout son cerveau à 100%. Mais passons. Fuyumi Soryo a préféré attaquer la question du pouvoir psi sous un angle plus actuel, celui de la manipulation génétique et du clonage, ce qui permet aussi de soulever des questions éthiques pour le moins pertinentes. Ouf.

Soutenu par un graphisme détaillé, quoiqu'un peu froid par moment, ES tient plus du manga psychologique que d'action, en dépit de quelques scènes sanglantes. La complexité des rapports humains est constamment mis en avant durant les différents volumes qui amènent nos héros à affronter Isaac, le « méchant » de l'histoire. Mine vit une confrontation douloureuse avec sa meilleure amie, puis tente d'améliorer les rapports entre une mère abusive et sa fille, pendant que Shuro apprend les sentiments humain en compagnie de ses grand-parents de substitution et de la scientifique. Quant à Isaac, il permet à la mangaka d'explorer des thémathiques d'ordre éthique. S'il reste indéniablement un être d'une cruauté infantile et doté de supers pouvoirs, il n'en est pas moins pathétique, puisque produit inévitable du manque d'humanité de ses créateurs. A une époque où l'on parle fréquemment de clonage humain et de génétique, les reflexions soulevées par Fuyumi Soryo sont loin d'être ridicules. En effet, comment traiter les enfants que nous pourrions faire naître par ces progrès techniques ? Comme des cobayes ou de véritables êtres humains ? Et quels en seraient les conséquences pour eux ? Pour nous ?

Il est cependant regrettable que Sakaki soit peut exploité, notamment vis-à-vis de cette problématique d'ordre moral. Son rôle se résume principalement à révéler la vérité sur le gène ES, puis à vouloir tuer avec acharnement Isaac. Même ses rapports avec les autres héros restent pour le moins supericiel. Il y aurait eu pourtant bien des possibilités à explorer et j'ai eu le sentiment que Fuyumi Soryo n'a pas su les exploiter judicieusement. De même, si la fin est interessante sur le papier, j'ai eu un sentiment de précipitation, de va-vite, alors que les précédents volumes avançaient plutôt lentement. Sans parler de baclage (le récit arrive à sa seule conclusion logique mais offre une dernière touche d'espoir), j'ai été toutefois un petit peu déçue.

Heureusement, ces fausses notes se rattrapent sur d'autres points. En effet, non content d'essayer de nous faire un peu réfléchir (bien que l'on n'atteigne pas non plus la complexité de certains chefs d'oeuvres de la SF), ES est aussi un titre possédant sa dose de suspense et qui saura donc passionner ceux qui se désintéressent totalement des questions d'éthique scientifique. Côté dessin, Fuyumi Soryo libère tout son talent lors des scènes oniriques et a particulièrement soigné la mise en scène de l'histoire. Il en est de même pour les expressions des personnages, dont les changements sont très appuyés, bien que certains lecteurs seront sans doute rebuté par l'apparente froideur de certains d'entre eux. Ceci s'applique tout particulièrement à Shuro. En effet, on est assez loin de cette froideur méprisante qui caractérise les bishônen et que les lectrices trouvent tellement classe. Shuro est plutôt du genre à avoir un regard vide de toute émotion, détaché, ce qui correspond aussi à sa personnalité (ou son absence de personnalité) mais collerait à n'importe qui quelques frissons dans la réalité...

L'édition de Glénat commence à dater mais se montre relativement à la hauteur. La traduction semble de bonne facture et la cohérence conservée sur tous les volumes. Par contre, le lettrage est parfois un petit peu anarchique dans certaines bulles et les onomatopées japonaises sont conservées pour un simple sous-titrage. Dans le cas d'ES, les onomatopées japonaises sont discrètes à l'origine et le sous-titrage n'encombre pas trop les cases. Côté reliure, les pages couleur du premier volume tendent à se décoller avec le temps et ce n'est pas faute d'une utilisation soigneuse. Il est cependant possible que ce problème ne soit limité qu'à un petit nombre d'exemplaires et que ceux toujours disponibles dans le commerce - neuf ou occasion - n'en souffrent pas.

Points forts :

  • Evite certaines légendes sur le cerveau
  • Questionnement sur l'éthique dans l'expérimentation sur les Hommes
  • Graphiquement réussi
  • Personnages dotés d'une vraie psychologie (exception : Sakaki utilisé un peu simplement)
  • Suspens bien présent même si l'histoire prend le temps de se développer

Points faibles :

  • Fin un peu rapide, et qui ne plaira peut-être pas à tous pour son contenu
  • Personnage un peu froid d'apparence

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