Color de Eiki Eiki et Zaou Taishi

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Détails

Titre : Color

Titre original : Color〈カラー〉

Auteur : Eiki Eiki et Taishi Zaou

Nombre de tome : 1

Editeur : Asuka

Editeur original : Shinshokan

Prix : 7,95

Genre : Boys Love (ou yaoi, c'est comme vous voulez)

Résumé : Alors qu’il participe à une exposition, Tsuda découvre le tableau d’un autre jeune artiste, Sakae : identique au sien jusqu’au titre, Color, Tsuda s’y reconnaît aussitôt et souhaite rencontrer l’artiste. Prenant au départ Sakae pour une fille, il découvre ensuite qu’il s’agit d’un garçon et que celui-ci rêvait aussi de le rencontrer après avoir vu son tableau. Entrant dans le même lycée d’art, tous deux entament une relation, cherchant à combler le vide causé par leur solitude et découvrant l’amour…

Critique :

(écrite le 13 mai 2008 sur mon ancien blog, ré-actualisée pour Edenia)

Galvanisé par les bonnes ventes du Jeu du chat et de la souris de Setona Mizushiro, Asuka nous a offert en février 2008 un nouveau boys love écrit et dessiné par un duo de mangaka, Eiki Eiki et Taishi Zaou. Pour se remettre dans le contexte de l'époque, y avait quasiment peau de balle au niveau du genre en France et le nom d’Eiki Eiki était aussi inconnu que celui de ma mère (aujourd'hui, on trouve beaucoup de ses mangas chez Asuka et Taifu). Seul Princess Princess de Mikiyo Tsuda (Taishi Zaou), un shôjo, était édité par Kami. Color n'est pas leur unique collaboration puisqu'elles ont aussi oeuvré sur Haru Natsu Aki Fuyu (chez Ichijinsha), un girls love.

En tant que boys love, Color ne fait guère dans l’originalité. On retrouve notre couple habituel de bishônen au physique androgyne. S’ils n’étaient pas plats comme des planches de surf, on pourrait les prendre pour des femmes. Le blond aux longs cheveux, après quelques instants de suspens incommensurable, devient évidemment le uke (passif), et Sakae dont le minois n’est pas moins délicat se transforme peu à peu en un seme (actif) digne de ce nom, soit quelque peu tortionnaire et mal dans sa peau. Que serait un boys love sans son seme en apparence salaud mais au cœur fondant comme du chocolat ? Sans doute un bon boys love, diront certains. Passons.

Color a le mérite d’avoir un dessin de qualité, ce qui est loin d’être le cas de tous les mangas du genre (ne vous fiez pas à la couverture particulièrement hideuse). On note quelques variations dans le physique des personnages selon les chapitres, dues aux deux dessinatrices travaillant sur le titre. Ceci dit, y a rien de terriblement dramatique. L’usage de nombreuses trames donnent du relief aux planches. Par contre, les décors sont réduits trop souvent au strict minimum. De quoi situer l’action mais ne vous attendez pas à une débauche d’arrières plans à chaque case. On plaidera en disant que c’est le style shôjo, pardon, boys love qui veut ça.

L’histoire présente quelques bonnes idées, comme par exemple l'initiation amoureuse des deux héros, inexpérimentés durant le début du manga. On passe graduellement des baisers à l'acte sexuel et voir Tsuda analyser les boys love de sa soeur pour comprendre comment on fait est assez amusant. Les notes finales des deux auteurs sont aussi appréciables, car elles ne se limitent pas aux stupidités habituelles sur les nouveaux jeux vidéo testés et dévoilent l'origine du manga.

Hélas, en un seul volume, on se rend vite compte que les mangaka n’ont pas l’occasion de développer pleinement l'histoire. Ainsi, la double-personnalité de Sakae n’est qu’effleurée. Au final, on ne le voit agir qu’une seule fois avec une réelle cruauté gratuite envers Tsuda. Le reste du temps, il se lamente sur son pauvre sort, à l’image de son uke. L'histoire dramatique du jumeau de Tsuda, pourtant un des éléments clefs de l'histoire, reste en arrière plan. On perçoit la tristesse de Tsuda en quelques occasions sans parvenir à être touché. Il en est de même pour les relations de Sakae et de sa famille. Sakae ne se retrouve au final jamais confronté directement aux siens alors qu'il aurait pu être interessant de le mettre en scène face à son père ou son frère. Ce manque d'intensité est tout de même un comble pour un manga qualifié de « sensible » par Asuka. Quant aux thémes plus réalistes, tel que l’homophobie ou le mariage, ils ne sont abordés la plupart du temps que sous le trait de l’humour. Aucun enjeux dramatique n’est développé autour. Qui plus est, Color affiche un certain conformisme puisque Tsuda et Sakae acceptent le fait de se séparer un jour prochain puisqu'ils ne peuvent se marier (sic !). Deux personnes amoureuses ne devraient-elles pas se battre pour être reconnues plutôt que de se conformer à la société ? Certains penseront que de toute manière ces questions sont absentes du boys love mais c’est mal connaître le genre et ses multiples facettes.

La fin du livre amène un sentiment de frustration et l’on aurait aimé que l’histoire s’étende sur un second opus. Color est distrayant mais le tout manque de force narrative. De plus, il est triste de devoir constater qu'en remplaçant les deux protagonistes par un couple hétéro... cela ne donnerait qu'un shôjo sans grande originalité.

Quant au travail d'adaptation graphique d'Asuka, il est acceptable, sans plus. On notera encore une fois que l'on a un simple sous-titrage des onomatopées plutôt qu'une adaptation totale. Maintenant, si la couverture reste horrible, avec tout cet abus de rose bonbon (le vert du volume japonais était moins sirupeux), le studio GB One (sous-traitant d'Asuka) nous épargne certaines erreurs auxquelles il nous a accoutumé par le passé. La traduction sonne juste, bien que cela soit difficile à juger sans avoir lu la VO, et on note seulement quelques phrases ayant échappé à la correction, tel que "je vais me rentrer". Gênant, surtout pour un produit professionel, mais rien qui justifie un attentat dans les locaux d'Asuka.

Au final, Color est une lecture agréable mais sans grand génie pour qui cherche un titre avec lequel se détendre sur la plage durant l’été, pas plus. Mais distraire est déjà une qualité en soi.

Points forts :

  • Pas désagréable à regarder
  • Quelques bonnes idées
  • Distrayant

Points faibles :

  • Manque de force narrative et traitement léger de certains thèmes
  • Trop court

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