Les soupirs de Ligeia, numéro 2 (revue)

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Détails

Titre : Les soupirs de Ligeia

Numéro : 2

Publiée le : Avril 2011

Prix : 4,90 euros (frais de port inclus)

Thème : le gothique dans tous les sens du terme (littérature, art, musique, mode...)

Pages : 48 (N&B, petit format)

Rédactrice en chef : Cécile Guillot

Collaborateurs : Stéphane Soutoul, Laure Velasco (anciennement Laure Mayfair), Anjaëlla Frusciante (corrections et relecture), Marie Angèle Prétot

Illustratrice : Serafina

Couverture : Rozenn Illiano

Novellistes : Stéphane Soutoul, Anne Goulard

Présentation : Les soupirs de Ligeia est une revue ayant pour thèmes la culture underground et les univers sombres. Certains la qualifieront de "gothique".

Critique :

Après un premier numéro qui m'avait bien plu malgré quelques petites erreurs de jeunesse, j'avais hâte de découvrir ce que l'équipe des Soupirs de Ligeia nous a réservé cette fois. Et je dois dire que je n'ai pas été déçue.

Après un petit édito et la présentation de l'équipe de ce numéro que j'ai reproduit plus haut, on commence avec une interview longue de 4 pages d'Estelle Valls de Gomis que l'on ne présente plus. Quoi ? Roh, ne me regardez pas comme ça. Estelle Valls de Gomis est une auteur, essayiste, traductrice, illustratrice et photographe, ainsi qu'une éditrice (mais Le Calepin Jaune est en hiatus pour des raisons financières). L'interview nous en apprend plus sur ses activités actuelles, et sur ses activités passées pour ceux qui ne la connaissent pas encore.

Marie Angèle Prétot nous offre ensuite un article su Le roman et la nouvelle, des origines à nos jours. Une courte étude sur les genres fictionnels, dont le fantastique et ses ramifications. Comme le signale le préambule, l'article est avant tout généraliste et non-exhautif. Il faut dire qu'en cinq pages, il aurait été difficile de tout raconter. J'ai trouvé que le début de cet article est une bonne introduction à la littérature occidentale tout en évitant de trop s'éparpiller. Je me fendrai juste d'une note pour dire que la littérature japonaise, de son côté, a connu son premier roman au 11ème siècle avec Le dit du Genji (présenté comme une histoire vraie mais plutôt inspirée...), écrit par Murasaki Shikibu, une femme. Ce qui à ma connaissance en fait aussi le premier roman féminin. Le texte possède aussi de nombreux poèmes mais cette forme était aussi employée à l'orale chez les nobles et lettrés. Avant cela, il y avait déjà eu un premier long texte en prose de Sei Shônagon (encore une femme), Notes de chevet, qui peut être considéré comme le premier essai japonais (puisqu'elle donne son avis sur divers thèmes). Bien entendu, il y a des livres japonais plus anciens, comme le Man'yôshû, mais il s'agit de compilations de poèmes ou bien de récits historiques et mythiques. Voilà, c'est fini pour le hors-sujet.

Mais il y a tout de même un petit quelque chose qui m'a déplu dans la seconde partie de l'article : une impression que le produit culturel américain était dénigré alors que nous avons des tas d'auteurs "commerciaux" en Europe. J'ai trouvé que c'était un peu trop manichéen, comme l'opposition entre les grandes maisons qui traduisent et les petites maisons qui souffrent avec leurs auteurs francophones. Or, Griffe d'Encre et Le Bélial' traduisent parfois, et Bragelonne - plus gros que petit - publie des auteurs francophones (Gudule vient même de ressortir en numérique). Par ailleurs, l'article laisse entendre que le manga ne marche qu'en France alors que le marché existe en Belgique, en Espagne, en Allemagne et en Italie (ces deux derniers pays ayant même été précurseurs dans la création de collections de mangas Boys Love), ainsi qu'en Angleterre (même si les éditeurs sont américains). Bon, c'est un petit détail mais ça m'a fait hausser un sourcil. En résumé, la seconde partie de l'article m'a laissé un peu perplexe et j'ai trouvé qu'on tombait dans une critique un peu facile... ou qui aurait nécessité plus de pages pour être mieux argumentée ou nuancée.

Je passe rapidement la page qui suit l'article et où on présente quatre livres venant de sortir.

Ce second numéro poursuit la présentation des travaux de Neil Gaiman (que je vais cesser de vouloir écrire Gailman un jour pour une raison aussi mystérieuse qu'obscure). Cette fois, Stéphane Soutoul nous présente Death : Temps fort de la vie. N'ayant pas lu ce roman graphique, je ne saurais dire si le texte le présente bien, mais en tout cas, cela m'a donné envie de le lire.

Et c'est Stéphane Soutoul, qui est vraiment partout *jette un coup d'oeil derrière elle*, qui est l'auteur de l'article suivant : Le corbeau : légendes et inspiration populaire. Celui-ci, en trois pages, nous fait une présentation rapide mais claire du Corbeau dans le folklore et dans les arts.

Une autre interview vient s'intercaler avant la suite. Il s'agir de celle de Rozenn Illiano, l'illustratrice de la couverture, que je ne connaissais pas jusqu'à présent. Rozenn Illiano est aussi auteur jeunesse. Comme il n'y a rien de plus difficile que de critiquer une interview, vous m'excuserez de ne pas m'étendre dessus !

La partie suivante est celle qui m'a le plus plu dans ce numéro. Il s'agit d'un dossier de 13 pages sur Le cabaret Burlesque, que je ne connaissais pas du tout, réalisé par Anjaëlla Frusciante et fourni avec de nombreuses photos et illustrations. J'ai trouvé l'idée très originale car ce n'est pas forcément le genre de thème que l'on s'attend à trouver dans une revue "gothique".

La première partie du dossier s'ouvre sur une interview longue et riche de Miss Anne Thropy (Aparté avec Miss Anne Thropy). On apprend beaucoup de choses sur le cabaret burlesque, et Miss Anne Thropy fait part de quelques anecdotes et conseils intéressants. La seconde partie du dossier est constitué de divers témoignages de personnes sur le cabaret burlesque plutôt que d'un simple article informatif. Je trouve le concept intéressant, car il permet de donner des opinions et impressions multiples, plus que pourrait le faire une seule personne. Mention spéciale au petit texte de la blogueuse de Cespetitsriensparisiens, que j'ai trouvé bien écrit.

Le second dossier du numéro est consacré à la Wicca. Je dois confesser mon extrême ignorance du sujet (et ça ne sera pas la première fois que je dis ça dans cette critique). J'ai bien eu un intérêt pour plein de choses mystiques durant mon adolescence, ce qui m'a forcément amené à tomber sur quelques sites plus ou moins Wicca (eh oui ! Déjà à l'époque, en 56k, avec AOL !), mais c'était l'intérêt... d'une adolescente, avec tout ce que ça sous-entend comme puérilité. Au moins, je n'étais pas béate d'admiration devant Charmed ! Bref... Question à 100 euros quand même : qui a écrit le dossier ? Dorian ? Il n'est pas signé, sauf pour la partie qui reprend le Wikipédia (et l'interview). Bon, peu importe. La première partie est une introduction intéressante même si, bien entendu, le nombre de pages ne permet pas une étude en profondeur du phénomène. Le petit article, La Wicca : une réponse à une société trop patriarcale soulève des questions intéressantes et montre aussi que le phénomène Wicca peut être un sujet d'étude sérieux (et l'est, en fait). Pour ma part, je pense qu'un parallélisme peut-être fait avec l'émergence des mouvements de théologie féministe dans le Christianisme, mouvements qui ne sont d'ailleurs pas très bien vus puisqu'ils cherchent (entre autre) à revaloriser la place de la femme dans la Bible. Après ce court papier d'une page, on a le droit à une interview de Dorian, fondateur de la Ligue Wiccane Eclectique. Ses réponses sont très intéressantes.

Et nous voilà enfin dans la dernière partie des Soupirs de Ligeia, celle des nouvelles ! Stéphane Soutoul  et Anne Goulard nous offrent chacun une courte histoire illustrée par Serafina. La première, Le requiem des âmes, signée Soutoul, donc, et la seconde, Rêve de papier, de Anne Goulard. La première, quoi que assez classique, est bien écrite. La seconde se veut plus originale - et elle est aussi bien écrite - mais je ne suis pas sûre d'avoir compris la fin (ou peut-être que si, mais que non). Proposer des histoires dans Les soupirs de Ligeia est intéressant mais je me demande si une unique nouvelle, sur plus de pages ne serait pas mieux que deux, faute de pouvoir rallonger la revue pour des raisons financières. Les nouvelles me paraissent rester trop en surface.

Côté mise en page, il y a vraiment du mieux, même si j'ai constaté quelques soucis d'indentation sur la nouvelle de Soutoul. Contrairement au premier numéro, je n'ai pas remarqué de fautes ou, du moins, rien qui soit suffisamment choquant pour que je bondisse hors de ma chaise lors d'une lecture rapide. Il y a par contre encore quelques soucis coquilles, et des soucis de typographie (pas d'espace insécable avant certains signes de ponctuation) ou des majuscules qui ne sont pas accentuées ou n'ont pas de cédilles. Avec le temps et l'expérience, je suis sûre que ces erreurs disparaîtront.

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