Le Dernier Jardin 1 : Éphémère (de Lauren DeStefano)
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- Créé le jeudi 15 septembre 2011 13:52
- Mis à jour le mercredi 9 octobre 2013 20:03
- Écrit par Kahori
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Titre : Le Dernier Jardin
Titre original : The Chemical Garden Trilogy
Auteur : Lauren DeStefano
Nombre de volumes : 1 volume (en cours)
Tome 1 – Éphémère (Book 1: Wither)
Tome 2 – Fugitive (Book 2: Fever)
Book 3 – ??? (Dernier volume de la série – titre et date de parution inconnus)
Nombre de pages : 349
Éditeur : Castelmore (Bragelonne)
Éditeur original : Simon & Schuster Books for Young Readers
Genre : Science-fiction, huis-clos, post-apocalyptique, anticipation.
Prix : 12,50 euros
Quatrième de couverture – Résumé de l’éditeur :
Que faire de sa vie quand on connaît la date exacte de sa mort ?
L’humanité croyait son avenir assuré. La science avait créé des enfants parfaits, immunisés contre toutes les maladies.
Mais qui pouvait imaginer le prix à payer ?
Car désormais, personne ne survit au-delà de vingt-cinq ans. Le monde à changer. Pour les jeunes femmes, la liberté n’est plus qu’un souvenir. Au nom de la survie de l’espèce, elles sont kidnappées et contraintes à des mariages polygames.
Rhine à seize ans. Quand elle se réveille dans une prison dorée, elle n’a qu’une idée en tête : fuir.
Qu’importe l’amour que lui portent son mari et ses sœurs épouses. Quand on n’a que quelques années à vivres, la liberté n’a pas de prix.
Critique :
Je plaide coupable : ma première raison de l’achat de ce livre, ce fut sa couverture. Celle-ci est magnifique et en tout point identique à l’original (à part que les textes sont en français, bien sûr). Il est tellement rare de voir de si belle couverture dans les éditions francophones… Dommage que les scans des couvertures ne peuvent lui rendre hommage, vu que tout ce qui est brillant ne peut être reproduit par numérisation (ce qui lui donne une allure plutôt pâlotte par rapport au livre en vrai).
De plus, les mises en pages des pages suivent le format de la couverture. Nous avons donc droit à un jeu de lignes et de micro-cercles à chaque numéro de page et de chapitre, ainsi que dans les pages de titre. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais un peu d’originalité de ce point de vue-là n’a jamais fait de mal à personne, bien au contraire – d’autant que c’est visuellement très agréable.
Ma seconde raison à cet achat, c’est le prix : 12,50 € pour un grand format aussi beau, je trouve que ce n’est pas cher.
Heureusement pour moi, le contenu du livre en vaut la peine. Je ne regrette donc pas du tout mon achat. Nous suivons ici la vie de Rhine, 16 ans, après son enlèvement par les Ramasseurs. Orpheline, séparée de son frère jumeau, originaire de Manhattan, elle se retrouve mariée à l’un des jeunes maîtres domaniaux, Linden Ashby, quelque part en Floride. Mais elle n’est pas seule : deux autres filles, Jenna et Cecily – elles-aussi victimes des Ramasseurs –, partagent son sort. Chacun acceptera ou subira son sort de différentes manières, chacune aura son rôle à jouer dans ce mariage polygame. Mais dans le manoir où elles sont prisonnières, il y a aussi Rose, la première femme et amie d’enfance de Linden, mourante et victime du virus qui touche leur génération. Elle espère que Rhine la remplacera auprès de Linden après sa mort. Et puis, il y a aussi Gabriel, un jeune domestique qui leur apporte leurs repas à l’étage où les épouses sont confinées, et dont Rhine se sent attirée malgré son statut d’épouse de Linden. Et enfin, il y Vaughn, le père de Linden, issu de la première génération, scientifique sans scrupule recherchant sans relâche un antidote au virus qui prendra la vie de son fils trop tôt, et dont tout le monde à peur.
Cette histoire se déroule bien loin de notre époque. Après une troisième guerre mondial ayant détruit tous les continents – excepté les États-Unis –, la science à progressé à tel point qu’elle a conçu les « bébés parfaits », des enfants qui ne tombent pas malade et qui vivent très longtemps tout en débordant toujours de vitalité. Cependant, les enfants de cette première génération produite par la science sont victimes d’une anomalie qui pourrait rayer les êtres humains de la planète. Ils sont victimes d’un virus létal qui se déclenche inévitablement à 20 ans pour les filles, et à 25 ans pour les garçons. Après des décennies de recherches, l’espoir de trouver un antidote reste vain. Aussi, les (très) jeunes filles sont souvent enlevées par les Ramasseurs, puis vendues à des maîtres domaniaux ou d’autres personnes acceptant d’y mettre le prix. Et les victimes des Ramasseurs « rejetées », sont soit vendues à des bordels, soit tuées.
Dans ce contexte terrifiant et apocalyptique, le manoir et son immense jardin, où est emmenée Rhine, est un véritable Jardin d’Eden qui semble coupé de la noirceur du monde. Pourtant, si ses sœurs épouses acceptent leur sort, Rhine n’aura qu’une idée en tête : s’échapper de ce paradis et retrouver son jumeau, Rowan. Et pour cela, peu importe son attachement à son époux et à ses sœurs épouses qu’elle abandonnera derrière elle.
Voilà donc une histoire originale, qui se laisse lire sans aucune difficulté. Même si presque la totalité de l’action se trouve dans le même lieu, l’histoire ne stagne pas et on ne s’ennuie pas. L’auteur nous fait vivre l’utopie dans lequel Linden et ses épouses sont enfermés de telle façon que l’on oublie toute l’atrocité du monde au-delà des murs du manoir et de son jardin idylliques. Nous sommes irrémédiablement pris au piège. Il ne faut cependant pas s’attendre à de l’action au sens propre du terme dans ce roman. Dans cette histoire, pas de baston, seulement des êtres humains avec leurs sentiments, tous différents les uns des autres. On s’attache facilement à tous les personnages… Mais comme ils ne peuvent pas tous nous plaire, il y en a qu’on aime détester.
Cependant, je trouve dommage que filles et garçons ne soient pas égaux devant la mort. Pourquoi les hommes peuvent-il vivre cinq années de plus ? Mince, moi qui croyait que la tendance, depuis très longtemps, était que les femmes vivaient plus longtemps que les hommes, et ce quasiment partout dans le monde. De plus, alors que toute leur génération est victime du virus, indépendamment de leur sexe (il n’y a donc pas, logiquement, moins de filles que de garçons dans ce monde post-apocalyptique), seules les filles ont vu leur position se rétrograder au point d’être reléguées à des couveuses sur pattes sans d’autres droits que de se taire et obéir. Ce sexisme certain pourrait en agacer plus d’un(e).
Autre point dérangeant : seuls les États-Unis ont « survécu » à la troisième guerre mondiale. Quant aux autres pays et continents, ils ont purement et simplement été rayés de la carte… dans le sens propre du terme. Seuls subsistes quelques petits îlots inhabités disséminés un peu partout dans l’océan géant que constitue à présent notre planète. J’ai beau ne pas être calée en science et en technologie, j’ai du mal à imaginer que l’on puisse « couler » et « exterminer » des continents entiers, et que seuls États-Unis s’en sont sorti indemnes…
L’auteur veut donc nous montrer là des États-Unis invincibles, toute puissante, avec qui aucun pays ne pourrait rivaliser. L’auteur rétrograde aussi les filles, issues d’après la première génération, à des petites choses soumises et sans aucun droit, où elles peuvent être enlevées et tuées sans conséquence. Cela me rappelle étrangement l’époque où l’Église gouvernait le monde et où l’on considérait que les femmes n’avaient pas d’âme (et ne pouvait que procréer et s’occuper du bien-être de leur mari) et avait un statut social moins élevé que celui des chiens.
Mais ces aspects de son histoire, l’auteur nous les fait oublier avec brio. Totalement pris au piège dans son jardin d’Eden, nous ne voyons plus que ce monde féérique qu’elle a su créer pour Linden et ses épouses. Mais n’est-ce pas le but de tout huis-clos : nous faire oublier le monde extérieur, aussi horrible soit-il ? En tout cas, l’auteur l’a parfaitement réussi.
Autre petit bémol : la fin. Difficile d’en parler sans spoiler, donc je ne dirai que vaguement résumé mon avis sur la question. L’action finale est trop courte, trop facile, sans difficulté apparente. J’ai eu l’impression qu’il manquait quelque chose.
Et parce que j’aime chercher la petite bête pour critiquer un éditeur, même si la mise en page et l’histoire sont splendides, je ferai part d’une autre incompréhension d’un de leur choix : celui du titre de cette trilogie. Le titre original, « The Chemical Garden » se traduit en français comme ceci : « Le Jardin Chimique ». Cela est sans doute une référence à l’utopie qu’a voulue produire la science et dont elle est victime à présent. Aussi, le choix francophone de « Le Dernier Jardin » me laisse très dubitative. D’autant qu’au vu de l’histoire, on se doute que l’utopie de Linden et ses épouses n'est pas unique, et que la science avait – et a toujours – une place très importante dans leur monde. Bien sûr, le titre que l’éditeur a choisi est plus poétique, mais un auteur choisi un titre rarement par hasard. Il est donc dommage que, une fois de plus, les éditeurs ne respectent pas cela.
En tout cas, « Le dernier Jardin – Tome 1 : Éphémère » est un livre passionnant, agréable à lire et avec lequel on passe un très bon moment, que je recommanderai et dont j’attendrai la suite avec impatience (en espérant en savoir plus sur « le monde extérieur » aussi).
Points forts :
- La mise en page.
- Le prix.
- Une histoire originale post-apocalyptique.
- Un huis-clos où l’on ne s’ennuie pas.
- Des personnages attachants.
Points faibles :
- Un manque de réalisme concernant la destruction des continents.
- Une fin très attendue, et pourtant un trop précipitée.
- Peut agacer les féministes acharnées.
Trailer : (merci à l'éditeur de nous avoir offert la vidéo !)