Riley Jenson 3 : Tenter le Diable de Keri Arthur
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- Créé le lundi 17 janvier 2011 13:59
- Mis à jour le samedi 29 décembre 2012 17:04
- Écrit par Roshieru
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/!\ Lu à partir de l'édition numérique
Titre : Riley Jenson : Tenter le Diable
Titre original : Riley Jenson Guardian: Tempting Evil
Auteur : Keri Arthur
Nombre de tomes : saga en 9 volumes (en cours ?)
- Pleine lune (Full Moon Rising)
- Le baiser du mal (Kissing Sin)
- Tenter le Diable (Tempting Evil)
- Jeu dangereux (Dangerous Games)
- Embraced By Darkness
- The Darkest Kiss
- Deadly Desire
- Bound to Shadows
- Moon Sworn
Nombre de pages : 410 pages
Editeur : Milady (poche)
Editeur original : Dell (USA)
Genre : Bit Lit
Prix de l'édition papier : 7 euros
Prix de l'édition numérique : 4,99 euros
Machine de test : Cybook Orizon
Format du fichier utilisé : Epub
DRM : sans
Résumé : Sur ordre du Directoire, Riley et Rhoan doivent s'infiltrer dans la demeure de Deshon Starr, l'instigateur des expériences génétiques et de tout leurs malheurs. Ils devront déployer leurs nombreux talents pour récolter des informations afin de les piéger lui et ses lieutenants. Mais Starr est un fou sanguinaire qui organise des jeux forts déplaisants dans sa propriété. Heureusement, Riley peut compter sur l'aide de Quinn, Kade et de nouveaux alliés inattendus pour s'en sortir.
Critique :
Tenter le Diable est peut-être mon volume préféré sur les trois que j'ai lu. Pourtant, comme dans le cas du Baiser du mal, l'histoire n'est pas dénuée d'invraisemblances. Dès que j'ai vu que Riley et Rhoan comptaient s'infiltrer dans la demeure de Starr avec un déguisement consistant à changer de coupe de cheveux, de couleur de peau et de voix, je me suis dit que ça sentait le sapin. Et j'avais raison. Je déplore aussi que les méchants manquent de subtilité dans leur psychologie, ce qui fait qu'on ne les craint jamais tant leur comportement est prévisible. Deshon Starr est un fou sadique et... c'est tout. Ses lieutenants sont cons comme des valises, ce qui n'est pas très logique alors qu'ils doivent assurer sa protection. Keri Arthur tente aussi quelque chose d'intéressant en révélant que Starr était dans l'entourage de Riley et Rhoan, mais, malheureusement, ce retournement de situation tombe à plat, le personnage en question n'ayant qu'un rôle très mineur dans l'intrigue. Je n'ai donc pas été surprise ou choquée d'apprendre cela. Il aurait été plus judicieux de choisir un personnage auquel le lecteur pouvait s'attacher. Il est aussi dommage que le combat final soit quelque peu rapide et vite expédié.
Dans la première version de ma critique, j'avais écrit ceci :
L'autre chose qui me pose problème dans Tenter le Diable, c'est que nombre de passages, notamment tout ce qui concerne le sexe, m'ont laissé un sentiment de déjà-lu. Keri Arthur emploie toujours les mêmes expressions et lire pour la énième fois quand Riley et Quinn couchent ensemble que celui-ci la remplit entièrement sans que ce soit une question de taille ou de forme, ou encore que Kade est monté comme un étalon... ça devient un peu lassant. On a lu les précédents volumes. Il serait temps de se renouveler ! C'est d'autant plus dommage qu'en dehors de ça le style de Keri Arthur est loin d'être mauvais.
En voyant que Bragelonne et son label Milady étaient souvent nominées au Razzies de Bifrost (on pense ce qu'on veut de ces "récompenses", ça m'a titillée pour ma part), notamment pour les traductions, j'ai tout de même décidé de vérifier si la traduction était si fidèle que cela au roman et si je devais mettre sur le dos de Keri Arthur les choses qui me dérangent. Pour se faire, j'ai choisi deux passages, un "neutre" pour lequel je ne sentais rien de bizarre et un de ceux qui m'a gêné, une scène de sexe. La VO que j'ai utilisée en ebook n'est... pas légale (soyons honnête).
But even as I sat there, returning his arrogant, overconfident, insane gaze, the wolf within rose snarling to the surface. This bastard had beaten me, drugged me, and all but destroyed my white-picket-fenceand- babies dream. Worse still, he'd beaten my brother to a pulp. Not because he needed to, but because he wanted to. Because he enjoyed it.
- Chapter 15, p1
Je restai assise, affrontant son regard de fou furieux convaincu de sa supériorité, et sentis la louve en moi approcher de la surface. Cet enfoiré m'avait fait tabasser, droguer et avait détruit mon joli rêve de vie normale. Pire encore, il avait failli tuer mon frère. Pas à cause du danger que représentait celui-ci, juste parce qu'il en avait envie. Parce qu'il aimait ça.
- Chapitre 15, p1
Ce n'est clairement pas la pire traduction qui soit, surtout comparé à la réécriture que j'ai constaté pour Les démons de Kyrian. Néanmoins, ce n'est pas bien glorieux. La première phrase en français est très infidèle à mes yeux. Je l'aurais plutôt sentie comme cela - sachant que je fais des études en japonais et pas en anglais - : "(Mais) Alors que je restais assise là, à lui retourner son regard fou, arrogant, trop sûr de lui, le loup en moi jaillit en grondant à la surface." (le mot en parenthèse, c'est parce que je ne le juge pas obligatoire). Par ailleurs, je trouve dommage de remplacer une expression imagée comme "beaten my brother to a pulp" par le morne "failli tuer" ou le compliqué "white-picket-fenceand-babies dream" en "rêve de vie normale". J'en conviens, la seconde expression est compliquée à rendre mais on pouvait faire mieux. Je peux comprendre que l'on veuille supprimer certaines choses ou en réécrire pour que la VF soit plus "fluide", mais c'est une trahison. L'auteur a son style. Même s'il est lourd ("his arrogant, overconfident, insane gaze" n'est pas un exemple de concision), ce n'est pas une raison pour le changer. Quant à tuer ses images, je trouve ça bien pire. Après, je parle de traduction mais ce n'est peut-être même pas du fait de celle-ci. C'est peut-être lors de la phase d'adaptation/correction que cela s'est produit.
Le second passage :
But oh, it was so glorious, just standing there, my body throbbing with need, his body deep inside mine, heavy and hot with the same sort of need. I loved the way he seemed to complete me. It had nothing to do with his size or his shape or anything physical, because I'd certainly been with men who outstripped him in all those areas.
Chapter 2
Mais Dieu, que c'était bon de rester ainsi, sans bouger, mon corps palpitant de désir, son sexe en moi, lourd et brûlant du même besoin. J'adorais la manière dont il semblait me remplir si parfaitement. Cela n'avait rien à voir avec la taille ou la forme de sa queue, car j'avais déjà baisé des mecs bien mieux lotis que lui.
Chapitre 2, p36-37
Par contre, ici, c'est à peu près correct. Je ne vais pas m'amuser à vérifier les précédents volumes mais ça semble indiquer que les redondances qui m'agacent par rapport aux attributs sexuels d'untel ou untel sont bien de Keri Arthur. La seule critique que j'ai à faire, c'est par rapport à la vulgarité plus appuyée de la VF. Il me semble qu'entre "avoir été" et "baisé", il y a une nuance... Encore une fois, si Keri Arthur n'est pas vulgaire en VO, pourquoi en rajouter en VF ? Je ne dis pas qu'il faut faire une traduction littérale, mot à mot, ou ne pas adapter, mais qu'il faut le faire en restant dans l'esprit du texte. Si c'est vulgaire, on doit l'être, si ça ne l'est pas, pourquoi l'être ?
Bref. Si on met de côté ce problème,Tenter le Diable m'a paru meilleur que les deux précédents. La principale raison est que le sexe ne pollue plus l'intrigue ou ne sert plus d'ingrédient magique comme solution à chaque problème. L'histoire peut donc avancer à chaque chapitre avec efficacité, sans que l'on ait à se taper à chaque fois cinq pages de frotti-frotta très redondants dans la forme. De ce fait, on garde le côté sexy des précédents volumes sans pour autant sombrer dans le roman porno, peu inspiré, qu'était Le baiser du mal. Keri Arthur semble délaisser les scènes de fesses ô combien faciles mais surtout répétitives pour se consacrer à son histoire et ses héros. Si elle continue comme ça, sa série ne pourra en devenir que meilleure. Certains lecteurs pourront regretter que les relations de Riley entre Kellen (seulement présent au début) et Quinn n'avancent guère mais cet épisode n'est pas propice à la romance. Ce qui n'empêche pas quelques scènes érotiques entre eux, je vous rassure.
Si l'équilibre est plus important entre l'érotisme et l'histoire, on ne peut pas dire que Tenter le Diable soit plus gentillet que Pleine Lune ou Le baiser du mal. Il s'avère même plus choquant par bien des aspects. Riley se retrouve dans une antre de débauche et de mort. Le ton est donné très rapidement lorsqu'elle assiste au viol d'une traitresse par des monstres bardés d'épines. Ce troisième volume n'atteint jamais le contenu dérangeant d'un vrai roman d'horreur mais réserve tout de même nombre de passages sanglants et glauques. On nous disait dans le volume deux que Starr et ses acolytes sont des cinglés, Keri Arthur nous le prouve efficacement. La seule chose regrettable étant, comme je l'ai signalé plus haut, leur manque de profondeur et de subtilité. On sait à quoi s'attendre avec eux. Du coup, ça occulte la peur qu'on pourrait ressentir.
En conclusion, Tenter le Diable n'est pas un roman exceptionnel mais parvient à se montrer divertissant malgré ses défauts, pour peu que l'on ne soit pas dérangé par le sexe, une certaine vulgarité au niveau de l'humour et quelques scènes de barbaries. Il m'a surtout donné envie de découvrir le quatrième volume, ce qui était loin d'être gagné après ma déception.
Notons que Bragelonne/Milady ont fait de réel progrès pour cet ebook. Les ralentissements (voire blocage dans le cas de Riley Jenson 1) que j'avais constaté sur leurs précédentes sorties sont très atténués. Oui, il faut un peu moins de 30 secondes pour charger un chapitre, ce qui est moins rapide qu'ailleurs, mais c'est bien mieux qu'avant.
Points forts :
- Moins de sexe
- Plus d'intrigue et d'action
- Plus sombre
Points faibles :
- Psychologie des méchants décevante
- Encore des invraisemblances
- Passages redondants
- Traduction ou adaptation après traduction parfois irrespectueuse