Project Zero sur PS2
Détails
- Détails
- Créé le dimanche 31 octobre 2010 09:06
- Mis à jour le samedi 29 décembre 2012 17:04
- Écrit par Roshieru
- Affichages : 3378
Titre : Project Zero
Titre Original/Autre titre : Zero (Japon)/Fatal Frame (USA)
Développeur : Tecmo
Date de sortie en France : 28 août 2002
Série : Project Zero II: Crimson Butterfly, Project Zero 3: The Tormented, Fatal Frame IV: Mask of the Lunar Eclipse
Autre Support : Xbox
Prix : variable (occasion principalement)
Genre : Survival Horror
Rating : 16 et plus
Conditions de test : TV SD et sur une version UK (je ne peux la VF)
Résumé : 1986, l'année de toutes les catastrophes : l'explosion de Challenger, l'accident de Tchernobyl, ma naissance... Ah non, là je m'égare. Bref. 1986, donc, au Japon. Le célèbre romancier Junsei Takamine va dans un manoir réputé hanté pour effectuer des recherches pour son prochain roman... et il disparaît ! Mafuyu, journaliste, s'empresse aussitôt d'enquêter au manoir Himuro pour découvrir ce qui est arrivé. Tatatam ! Il disparaît à son tour. Miku, sa sœur, part à sa recherche et se retrouve piégée dans l'inquiétante demeure où diverses hantises typiquement japonaises ne tardent pas à se manifester. Heureusement, elle est capable de voir les esprits et possède un appareil photo capable de les exorciser.
Critique : Tecmo est surtout connu pour sa série d'action Ninja Gaiden et ses jeux de combat boing boing, les Dead or Alive. Pourtant, la société japonaise s'est lancée depuis 2001 dans le survival horror avec la série des Project Zero. Si le genre du Survival Horror est plutôt délaissé et moribond aujourd'hui, entre abandon de licences (Forbidden Siren), changements de mains agaçants (Silent Hill) ou orientation de plus en plus action (Resident Evil), la concurrence ne manquait pas de mordant à l'époque et la pari était assez risqué. Silent Hill de Konami était sorti en 1999 sur PS, avait marqué les esprits et s'offrait un second opus encensé par la critique en septembre 2001 au Japon, soit à peine trois mois avant la sortie du premier épisode de Project Zero dans ce même pays. Resident Evil: Code Veronica venait de faire un tour sur la Dreamcast en 2000 et était réédité en 2001 sur PS2. Enfin, les remake sur Gamecube étaient déjà en préparation. On peut aussi citer Clock Tower (qui se souvient encore de cette série née sur Snes/PS ?), Galerians (2000, sur PS) ou encore Eternal Darkness (2002, sur Gamecube, mais prévu dès la N64). On pourrait certainement encore allonger la liste, mais arrêtons-nous là. S'insérer dans un genre aussi exploité n'était pas facile, surtout pour un studio n'ayant a priori aucun atome crochu avec. Ceci dit, vu le nombre d'épisodes ayant suivi, on peut estimer que Tecmo a réussi son pari et créé une nouvelle franchise à succès et aimée des joueurs. Ceci étant dit, ce premier Project Zero mérite-t-il toujours l'intérêt malgré les années ?
Et on ressort les même pots du placard...
Si Project Zero brille d'une quelconque manière, ce n'est en tout cas pas grâce à son scénario. Attention, cela ne signifie pas qu'il soit mauvais mais Project Zero se contente de narrer une classique histoire de fantômes japonais, avec son lot de secrets de familles horribles, de relations tortueuses et de vengeances post-mortem. Certes, ce n'est pas très courant dans le jeu vidéo (Kuon, Calling, d'autres prétendants sortis chez nous ?) mais ceux qui ont avalé des yurei eiga par dizaines (Ring, Chakushin Ari, Ju-on, la série Aux pays des fantômes...) n'y trouveront pas grand chose de neuf et pourront afficher un air blasé de circonstance. C'est tout de même très bien ficelé, il y a un vrai fond et on ne s'ennuie pas malgré quelques révélations que les joueurs les plus malins verront venir trop tôt. Les amateurs de culture japonaise apprécieront aussi de retrouver nombre de références aux croyances religieuses du pays. Par ailleurs, chaque fantôme du jeu possède une raison d'être, une histoire qui motive ses actions. Cependant, ça manque vraiment d'originalité comparé aux univers torturés de Silent Hill, Forbidden Siren ou Rule of Rose. L'aspect psychologique n'est pas non plus aussi poussé et les personnages sont sans grande originalité, entre l’héroïne fragile mais qui va quand même de l’avant et le grand-frère protecteur et dévoué. Il ne faut donc pas jouer à ce premier opus en s'attendant à la même ambiance, au même type de trip. Par contre, si vous souhaitez un survival horror baignant dans une ambiance typiquement japonaise, vous serez comblés.
Mais ce sont quand même de très jolis pots...
Il faut tout de même préciser que l'histoire est très bien mise en scène et que les apparitions fantomatiques, souvent ingénieuses, ne se ressemblent jamais. Le jeu a beau dater et être sur PS2, il reste toujours aussi efficace malgré les années et continuera de distiller des frissons aux joueurs possédant encore une télé SD. Si les personnages ont un look manga assez peu naturel, leur donnant une allure de poupées de porcelaine, Tecmo a accordé un grand soin aux décors qui malgré les limites techniques de l'époque ont un quelque chose de photoréaliste qui n'est pas sans rappeler le travail de Konami sur les Silent Hill de la PS2. Par ailleurs, l’architecture du manoir Himuro est très cohérente. Comme dans un certain nombre de survival horror, les angles de vue se veulent cinématrographique et s’amusent à jouer avec nos nerfs. La caméra est donc fixe, ce qui se révèle dans quelques rares cas un peu agaçant mais permet aussi de distiller un certain suspens en nous empêchant de voir ce qui se trouve au prochain tournant. Il est tout de même possible de passer à tout moment à la première personne grâce à l’appareil photo, ceci dans le but de fouiller le décor. Bien sûr, le jeu a tout de même son lot de petits défauts, comme par exemple l'habituel aliasing de la PS2 ou des textures qui manquent cruellement de détails. Les animations ne sont pas exceptionnelles non plus. Il ne faut quand même pas trop en attendre…
Les bruitages du jeu sont plutôt convaincants et les fantômes plus bavards que la moyenne. Autrement dit, ils ne se contentent pas de hululer des choses non-sensiques. Le doublage anglais parvient à faire son office. Il n’est toutefois pas dénué de défaut et ceux qui auront entendu la version originale seront sans doute choqués par certaines voix. L’héroïne, par exemple, a une voix plus mûre en anglais, ce qui pourra agacer les puristes ou réjouir ceux qui détestent les voix féminines japonaises un peu aiguës. Bref, on a quand même largement entendu pire et Project Zero ne donne pas envie de se percer les tympans avec des crayons. Les musiques sont, quant à elles, assez discrètes.
Souriez, vous êtes exorcisés !
La véritable trouvaille de Project Zero se trouve avant tout dans son gameplay. Ici, pas de barre de fer et de pistolet comme dans un Silent Hill, ni de militaires entrainés comme dans Resident Evil. Miku est une jeune fille banale qui n’a qu’une seule arme : sa camera obscura capable d’exorciser les vilains pas beaux du manoir. C’est autour de cet appareil photo que le système de combat est basé.
Lorsqu’un fantôme pointe son nez, il faudra donc sortir l’appareil et le viser. Attention toutefois, une mauvaise photo ne causera pas les mêmes dégâts qu’une bonne. Il faudra être adroit et prendre autant que possible des clichés nets, grâce notamment aux indications de la visée se trouvant au centre de l’écran. Par ailleurs, on trouve en cours de jeu différents types de pellicules, permettant de causer des dégâts plus importants. Mieux vaut les garder précieusement et ne pas les gaspiller avec des revenants de bac à sable, car vous en aurez réellement besoin. Certains fantômes seront aussi beaucoup plus compliqués à battre que d’autres, notamment grâce à leur capacité de téléportation. Heureusement, notre héroïne peut effectuer un demi-tour rapide lorsqu’un ennemi passe dans son dos pour la prendre en traître. De plus, l'appareil photo peut être amélioré grâce aux points que l'on gagne en capturant des esprits et obtenir des capacités utiles pour combattre certains ennemis.
La camera obscura permet aussi de révéler des indices dissimulés dans les décors et qui vous aideront soit à trouver des passages secrets, soit à trouver des indices pour résoudre les énigmes qui ralentiront votre avancée en jeu. L’appareil photo sert aussi à révéler des hantises dissimulées dans le décor et qui une fois « attrapées » rejoindront une liste qui vous donnera quelques informations sur leur fin tragique. Ils vous donneront aussi des points.
Malheureusement, Project Zero est tout de même entaché par un défaut somme toute assez fréquent dans le survival horror : la lenteur de l’héroïne. Ce défaut est d’autant plus agaçant qu’il sera nécessaire de revenir sur ses pas pour découvrir une nouvelle pièce du manoir à laquelle on n’avait pas accès avant, là où un Silent Hill 2 compense la rigidité de son héros en le faisant aller de l’avant et en évitant l’unité de lieu. Manier l’appareil photo n’est pas très évident non plus au début. Heureusement, ces quelques soucis ne rendent pas Project Zero injouable et ne devraient pas trop effrayer les fans de survival horror qui en ont certainement vu d’autres.
Malgré les années, Project Zero continue d’exercer un réel attrait. Si vous souhaitez faire les survival horror de la PS2, vous pouvez inclure ce tout premier opus dans votre liste d’achat… sauf si l’horreur japonaise n’est pas du tout votre tasse de thé.