Fragile Dreams : Farewell Ruins of the Moon sur Wii

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Détails

Titre : Fragile Dreams : Farewell Ruins of the Moon

Titre original : Fragile Sayonara tsuki no haikyo (フラジール ~さよなら月の廃墟~ )

Développeur : Tri-Crescendo

Date de sortie en France : 19 mars 2010

Prix : variable, mais sur Amazon.uk ça peut être moins cher…

Genre : aventure

Rating : 7 et + d’après le dos de la boite, 10 et + à mon humble avis

Online : non

Résumé : Seto vit avec son grand-père adoptif sur une Terre où l’Apocalypse a déjà eu lieu et où les humains ne sont plus qu’un souvenir. Un jour, le vieil homme décède mais laisse une lettre dans laquelle il suppose que des survivants se trouvent encore à l’Est, là où se dresse une imposante tour rouge. Seto, qui souffre de sa solitude, décide de se mettre en route. Sur son chemin, il croise une mystérieuse jeune fille amie des chats qui s’enfuit à sa vue. Seto souhaite la retrouver mais des forces surnaturelles le pourchassent…

Conditions de test : le jeu a été testé à la fois sur une TV LCD SD et une TV HD (Samsung LED B6000, en YUV).

Critique :

Fragile Dreams : Farewell Ruins of the Moon fait parti de ces jeux difficilement classables adulés par les uns et détestés par les autres. Avant sa sortie, il fût souvent catalogué par la presse comme un mélange entre le RPG et le Survival Horror, créant ainsi des espoirs pas forcément justes vis-à-vis du contenu réel. En effet, Fragile n’est ni tout à fait un RPG, malgré quelques éléments empruntés (le héros gagne de l’expérience), ni un Survival Horror, car il ne cherche pas à terrifier les joueurs avec des monstres dégoûtants. Autant dire qu’à sa sortie, certains furent déçus de se retrouver devant un simple jeu d’aventure hybride où le scénario et l’exploration règnent en maître. Par conséquent, il est évident que tout le monde n’a pas su juger le jeu pour ce qu’il est (et non ce qu’il n’est pas) et qu’une déception compréhensible en a parfois résulté, ce qui fait que Fragile se traîne souvent la réputation d’un Survival Horror pour gosse totalement poussif. Mais qu’il y ait eu erreur sur le genre signifie-t-il pour autant que Fragile un jeu parfait mal compris ?

 

 

Tout ne brille pas de platine sous la lune…

Certaines critiques récurrentes sont en fait amplement méritées. En effet, le jeu n’est pas sans défaut technique, notamment en terme de gameplay. Si les commandes ne sont pas bien compliquées à appréhender, notamment le système de caméra suivant le pointage de la télécommande, le système de combat demande un temps d’adaptation. Au tout début du jeu, on a parfois du mal à juger la portée des différentes armes mises à notre disposition. Ces armes, qui se classent en plusieurs catégories, finissent par se casser, ce qui peut amener le joueur à se retrouver sans défense au tout début de l’aventure. L’inventaire est lui-même limité en nombre de cases, certains objets en prenant plus que d’autres, ce qui oblige à bien réfléchir à ce que l’on doit emporter. Enfin, les différents monstres ne lâchent pas toujours les items permettant de se faire de l’argent ou des armes de rechange, ce qui peut s’avérer agaçant quand on manque de finance…

 

Ceci étant dit, le jeu n’est pas excessivement difficile une fois qu’on a apprivoisé ces différents aspects. Au fur et à mesure, on remarque très vite que certains types d’armes ne sont pas essentiels et qu’il vaut mieux se limiter au type « épée » et au type « arme de jets ». L’inventaire peut être augmenté par des achats judicieux, ce qui avec le temps permet de diminuer le problème de place. Les feux de camps servant de points de sauvegardes et de lieux d’échange avec le vendeur du jeu (un homme en costume de coq) sont très fréquents. Seuls les joueurs peu patients ou qui s’attendaient à un gameplay assisté à cause des graphismes enfantins auront quelques vraies frustrations.

 

 

Un art plus solide qu'une ruine

Heureusement, Fragile n’est pas un Devil May Cry ou un Bayonetta et son gameplay mi-figue mi-raisin n’en fait pas du tout un mauvais jeu. La partie graphique, notamment, est particulièrement réussie et contribue à nous faire ressentir la solitude de Seto. Notre jeune héros traverse un métro dévasté mais aussi un parc d’attraction à l’abandon ou encore un hôtel typiquement japonais où la nature a repris ses droits. Les plus attentifs n’auront par ailleurs aucune difficulté à reconnaître la ville où se situe l’action. Hormis sur la fin où les souterrains commencent à lasser par leur longueur et leurs teintes grisonnantes, les décors ne laissent pas un arrière goût de répétition. Par ailleurs, un grand soin a été accordé aux ciels (coucher de soleil, nocturne, jour…) et on se laisse facilement surprendre à les examiner sous tous les angles. L’explorateur en herbe prendra aussi plaisir à détailler les murs pour lire les messages en japonais (sous-titrés français) laissés par les humains lors de leurs derniers instants. Certains de ces messages éclairent d’ailleurs le scénario du jeu ou la raison de la présence de tel ou tel monstre, et ne sont donc pas seulement là pour décorer et faire joli. Autant dire que tracer le jeu pour le finir au plus vite et s’en vanter est particulièrement idiot dans le cas présent car la substance de Fragile se trouve dans ce genre de petits détails. La carte de Seto, que l’on peut consulter à tout moment, reflète d’ailleurs cette volonté. Notre héros le complète au fur et à mesure de son avancée, et y laisse des notes et de petits dessins. Les personnages sont, quant à eux, bien modélisés et expressifs. À moins de ne pas aimer le style manga, il n’y a pas grand chose à redire. Certaines cut-scènes sont soutenues par de très belles séquences animés mais celles réalisées avec le moteur du jeu sont agréables aussi.

 

Alors, c’est vrai, les effets de lumière auraient pu être plus poussés, d’autant plus qu’un certain nombre de lieux sont fort sombres. Quant on voit Silent Hill : Shattered Memories, on sait que la Wii est capable de mieux à ce niveau lorsqu’elle est entre des mains expertes et ambitieuses – ce qui est rarement le cas, hélas. Le chara-design des monstres est aussi moins bien heureux que le reste. Il est peu varié et manque de cohérence. On croise tantôt des fantômes et créatures typiquement japonaises, tantôt… des pigeons fantômes… ? Cependant, le jeu se paye le luxe de passer sur une TV HD (dans le cas présent, une Samsung LED B6000 correctement réglée) sans que les textures en souffrent trop ou que l’aliasing devienne trop apparent. Il n’y a pas beaucoup de jeux Wii pouvant prétendre à un rendu aussi agréable (Disaster : Day of Crisis en est un malheureux exemple). Mais, est-ce vraiment la faute de la Wii quand on a des contre-exemples tels que Fragile ?

 

Côté son et musique, il y a aussi de quoi se réjouir. Remercions tout d’abord Rising Star Games (l’éditeur européen) pour avoir laissé le choix entre le doublage anglais et le doublage japonais. L’anglais sera évidemment plus intelligible pour une majorité de Français mais la VO est particulièrement réussie (encore heureux !). Grosse surprise, le jeu dispose aussi de ses sous-titres japonais en plus des sous-titres français. Cela n’intéressera qu’une minorité de japonisants mais je vous conseille de tester, juste pour voir. Ils sont très joliment intégrés à l’image. Question compositions, la partition de Fragile est très agréable et colle parfaitement à l’univers du jeu.

 

 

Un jeu parfait pour ma petite sœur ?

Avec ses personnages tout mignon – enfin, sauf le marchand qui est quand même inquiétant et non sans raison… –, Fragile laisse souvent l’impression d’un jeu s’adressant aux enfants ou aux adultes qui ne veulent pas grandir (les jeunes ados étant, comme tout le monde le sait, amateurs de démembrements et de sexe). Il est vrai que le jeu ne possède pas une violence très démonstrative et on tape des monstres sans qu’aucune goutte de sang ne coule.

 

Pourtant, on ne peut pas dire que le scénario fasse dans la joie et la bonne humeur et que la fin elle-même, sans trop spoiler, soit tout à fait heureuse. Ici, il n’y a pas de grands larmoiements démonstratifs mais une ambiance mélancolique constante quasiment tout du long. Les grands thèmes du jeu sont la solitude, la perte de l’être cher et le deuil, donc autant dire des thèmes plutôt adultes. Durant son voyage où il espère rencontrer un être vivant avec qui partager sa vie, Seto croise les ultimes souvenirs et messages des victimes de la fin du monde, que ce soit à travers les graffitis dont nous parlions plus haut ou des objets trouvés en explorant. Certains de ces messages sont seulement touchants, d’autres sont particulièrement glauques, comme ce passage où l’on comprend qu’un des protagonistes veille sur le cadavre d’un bébé mort depuis des années (ambiance, ambiance). On découvre aussi au fur et à mesure les raisons de la disparition des humains et ce n’est pas bien joli-joli non plus. Enfin, l'échange de baiser entre deux personnages masculins risque d'en choquer plus d'un aussi. On peut se demander si l’organisme chargé d’évaluer les jeux a bien tout compris en le classant à partir de 7 ans car, dans notre société où on surprotège nos petiots, il n’est pas sûr que ce soit du goût de tous les parents. C’est vrai, ce n’est pas Silent Hill ou Forbidden Siren, mais ça n’a rien d’enfantin, le monde de Fragile n’est pas édulcoré sous-prétexte que le héros est un ado…

 

Fragile s’achève tout de même sur une semi déception. La fin laisse un goût d’inachevé, de trop peu, notamment car certains aspects du scénario restent ambiguës, notamment quant aux raisons de l’implication de certaines créatures. On pourrait songer à un manque de précision de la version française sauf que les fans anglophones se plaignent un peu de la même chose. On a donc un peu l’impression que Tri-Crescendo avait prévu d’aller plus loin ou de faire une suite. Compte tenu des faibles ventes du jeu dans le monde entier, un second opus semble fort peu probable. C’est dommage car il y aurait des choses à exploiter, que ce soit avec ou sans les héros de cet opus.

 

Malgré ses quelques défauts, Fragile est un jeu qui mérite d’être acheté et retourné sous toutes les coutures pour peu que l’on ne s’attende pas à un Survival Horror pur et dur, que l’on ne recherche pas une action débridée et parfaitement exécutée, et que l’on soit sensible à ses thématiques post-Apocalyptique.

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