Tu es à croquer de Yaya Sakuragi
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- Créé le vendredi 11 mars 2011 10:09
- Mis à jour le samedi 29 décembre 2012 17:04
- Écrit par Roshieru
- Affichages : 3731
Titre : Tu es à croquer !
Titre original : Soba ni Oitene (そばにおいてね)
Auteur : Yaya Sakuragi
Nombre de tome : 1
Editeur : Asuka
Editeur original : Libre Publishing
Prix : 7,50 euros
Genre : Boys Love (ou yaoi, c'est comme vous voulez), parodie
Résumé : Il était une fois deux lycéens presque comme les autres : Yuzu était une grande perche dotée d'un coeur fragile et aimant la cuisine, et I-chan, son idôle, son prince charmant, son féroce lion maniant l'arc comme certains la manette de Playstation, était malheureusement plus petit que lui. Drame au pays des fées.
Critique :
(écrite le 24 juillet 2009 sur mon ancien blog, ré-actualisée pour Edenia)
Oh non ! Mais qui a buté la muse de l'originalité ?! Encore un manga boys love avec des lycéens ! Encore un titre qui fait fuir ! Oui, mais cette fois c'est distrayant. J'irai même jusqu'à dire - chose super rare, alors sortez les trompettes célestes - que c'est une agréable surprise dans l'océan amer de l'ennui.
C'est peut-être parce que Yaya Sakuragi n'est pas vraiment le genre de mangaka à s'enfoncer dans un premier degré à faire trembler les murs de papier du manga. Les personnages sont volontairement caricaturaux et excessifs, notamment Yuzu qui est à mi-chemin entre Otomen et la nana rêvant de mariage heureux et parfait. La mangaka joue sciemment des clichés shôjo qu'elle insère dans le récit au lieu d'en être la victime naïve. Au final, on obtient un manga amusant qui ne cherche pas à faire de situations absolument ridicules des Drâaames saupoudrés de Trâaagédie (les lycéens dans les boys love ont l'art de se noyer dans un verre d'eau vide). En plus, il se paye même le luxe d'être plutôt bien écrit ! Alors, c'est vrai qu'en soit ce n'est pas très original et que ce n'est pas ce qu'on peut trouver de mieux en boys love au Japon, c'est vrai que le dessin est inégal aussi, mais c'est peut-être l'un des rares titres de genre scolaire qui vaille le coup d'un achat, l'un des rares titres scolaire que je n'ai pas eu envie de passer dans ma broyeuse à papier... Et pour une fois qu'on ne nous inflige pas des faux suspens du genre : "oh mon dieu, vont-ils survivre à cette petite dispute au sujet du tricot de la cousine germaine, se séparer, se suicider ?"... A déguster au soleil, avec un cocktail de jus de fruits.
Reste une question que je me pose constamment : pourquoi mettre "public averti" (on sait bien que cela signifie "si possible, lisez-le vers 16 ou 18 ans mais on ne va pas bouder un achat par un minot car ça fait toujours des sous, niark niark") sur la couverture quand les quelques passages érotiques (il n'y en a en fait que deux où il n'y a même pas l'ombre d'un zigouigoui dressé) n'ont franchement pas de quoi faire trembler un Mormon dans sa tombe. Bon, si, quand même, mais si c'était entre gens de sexe opposé, on ne songerait pas à mettre cet avertissement, et le lecteur est suffisamment intelligent pour voir à la couverture que c'est gay-ement savoureux. Ceux qui n'aiment pas ça sauront sans abstenir et il faut faire comprendre aux grincheux qu'ils n'ont pas à imposer leur morale aux autres. Cette différence de traitement entre le boys love et le reste est particulièrement apparente quand on voit le nombre de mangas jouant vulgairement des rondeurs féminines sans écoper d'un seul petit sigle sur le fait que ça pourrait choquer la jeunesse... Une série TV comme Torchwood, autrement plus sexuellement explicite (parce que prévue pour un public adulte en Angleterre), n'est qu'interdite au moins de 12 ans dans son édition dvd et est diffusée régulièrement sur des chaînes comme NRJ12, Canal Jimmy ou Sci Fi, parfois sans réel avertissement, y compris en plein après-midi. Buffy et Xena étaient diffusées sur M6 et TF1, à des heures de grande écoute. On pense ce que l'on veut de ces séries, mais tout le monde sait qu'elles ont contribué à l'émergence de héros LGBT dans les séries prévues pour un public principalement hétérosexuel et jeune.
Ne serait-il pas temps d'estimer qu'un manga parlant simplement d'amour, peu importe qu'il soit hétérosexuel ou homosexuel, ne mérite pas ce genre d'avertissement à la con qui ne fait que sous-entendre que l'homosexualité est quelque chose de choquant, de mal ? N'est-ce pas signifier à tous les jeunes qui ont envie de lire ce genre d'histoires qu'ils doivent se cacher honteusement car, mon dieu, c'est pour "public averti" ? Et on se plaint ensuite que les gens ont du mal à se mettre au boys love, qu'ils en ont mauvaise image ?
Mince, j'ai passé plus de temps à m'énerver qu'à parler du manga. Bon, en résumé, Tu es à croquer !, c'est bien à lire si vous en avez marre des mangas boys love ultra sérieux.
Points forts :
- Drôle
- Volontairement niais (jeu sur les clichés)
- Ne se prend pas au sérieux une seconde
Points faibles :
- Dessin inégal
- N'est pas non plus über original
- Pourquoi encore un putain de "public averti" alors qu'il ne se passe quasiment rien de sexuel ?!