Gakuen Heaven : Chapitre Niwa de You Higuri

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Détails

Titre : Gakuen Heaven : Chapitre Niwa

Titre original : Gakuen Heaven (学園ヘヴン)

Auteur : You Higuri

Nombre de tomes : 4

Editeur : Tonkam

Editeur original : Biblos

Prix : 7,95 euros

Genre : Boys Love (ou yaoi, c'est comme vous voulez)

Résumé : Keita Ito est un adolescent sans talent particulier, si ce n'est sa chance incroyable. Un jour, il reçoit un courrier provenant de la réputée école Liberty Bell : il a été accepté en son sein, alors que l'année scolaire a déjà démarré. Keita se sent intimidé de se retrouver dans une école formant l'élite du Japon, mais il décide d'intégrer le lycée et de prouver sa valeur. Bien que peu doué, il est rapidement accepté par un groupe d'étudiants, parmi lesquels se trouve le roi, Niwa Tetsuya, président du conseil des élèves. Hélas, le conseil d'administration s'en mêle et Keita est menacé d'expulsion... Ses amis pourront-ils l'aider à rester à Liberty Bell ?

Critique :

(écrite le 4 juin 2008 sur mon ancien blog, ré-actualisée pour Edenia)

Le manga Gakuen Heaven est l'adaptation des jeux vidéos éponymes dont le chara design a été réalisé par You Higuri. Publié en 2004 pour la première fois, le manga a connu quelques difficultés suite à la faillite de Biblos. Fort heureusement, ou pas, le titre fut racheté par Libre. Le principe de la série est assez simple : chaque volume met en scène Keita avec un nouveau personnage dans une réalité alternative. Il n'y a donc pas de continuité scénaristique. En cela, l'adaptation est assez proche du jeu, une visual novel, qui offre aux joueurs différents choix de scénario selon vers quel bishonen ils jettent leur dévolu. Cependant, quitte à faire dans le fanservice, on aurait peut-être préféré que You Higuri se la joue chasse au uke et nous offre un pendant boys love au manga harem de ces messieurs (vous savez, dix filles pour un seul garçon, sauf qu'ici, ce sont les dix garçons pour un mec, soit une équipe de foot !). Cela aurait notamment permis de construire un scénario autrement plus consistant que ce que l'on peut trouver dans ce one shot.

La lecture de ce premier volume de Gakuen Heaven fera verser des larmes de sang à certains. Soyons clair : il s'agit sans doute d'un des mangas les plus médiocres de You Higuri, bien loin des oeuvres sympathiques que sont Gorgeous Carat, Ludwig II ou Cantarella ! Et ce n'est certainement pas parce qu'il s'agit d'un boys love et non d'un shôjo, l'homosexualité étant une caractéristique récurrente dans les mangas de l'auteur.

La première chose qui étonne est le dessin. Généralement, les mangaka progressent aux fils des années (sauf certains cas à part, comme l'exêcrable Yû Watase qui se contente de faire du surplace et de recycler les mêmes personnages). Si l'on prend les oeuvres de jeunesse de You Higuri, entre autre regroupées dans Kamen No Romanesque, elles n'ont absolument rien à voir avec ses mangas les plus récents ! Gakuen Heaven parvient pourtant à faire l'inverse : Tonosama le chat (?) est une créature transgénique que l'on n'aimerait pas croiser au coin d'un couloir et les personnages parviennent à être moins détaillés que dans certains des mangas précités ! A cela s'ajoute quelques erreurs de proportions, évidemment présentes dans d'autres de ses mangas (Cantarella, par exemple) mais qui ne font qu'alourdir l'addition.

Le pire reste les décors, d'une pauvreté affligeante pour du You Higuri. C'est bien simple : à aucun moment le lecteur ne parvient à se faire une idée précise du lycée Liberty Bell. On entrevoit quelques bâtiments modernes juste esquissés et c'est tout, là où Gorgeous Carat, par exemple, parvenait à nous plonger dans son univers arabisant grâce à ses décors mauresques détaillés. Quand bien même Gakuen Heaven n'est-il pas un manga historique, son cadre fantaisiste (Liberty Bell est imaginaire et entièrement coupé du monde) aurait dû donner à You Higuri l'envie d'offrir un caractère unique aux lieux ou, à défaut, de les détailler. Ce n'est hélas pas le cas et Gakuen Heaven est terriblement froid. A titre de comparaison, les planches de Crown sont autrement plus attrayantes en terme de détails. Alors, certains chercheront à relativiser : comparé à certains boys love, Gakuen Heaven n'est pas si mal dessiné. On pourrait même dire : comparé à certains mangas... Mais est-ce parce qu'il existe pire ailleurs qu'il faut pour autant louer le travail d'une mangaka qui nous habitué à mieux : non !

Si les lacunes se cantonnaient au dessin, on pourrait sans doute passer l'éponge. Après tout, un manga, c'est aussi un scénario. Hélas, le scénario est mauvais et plus encore. Tout n'est que successions de clichés et de rebondissements qui n'en sont pas, puisque l'on devine bien vite la suite des évènements. Gakuen Heaven est de l'anti-suspense à l'état pur. Quelqu'un qui ne connaît vraiment pas le boys love trouvera peut-être cela passionnant... Peut-être... Ce n'est pas tant que le principe de base soit déjà médiocre. Après tout, il y aurait eu de quoi faire un boys love harem divertissant, comme dit plus haut. Hélas, Keita jette son dévolu sur le premier gars croisé, ou plutôt celui que la mangaka nous montre avec insistance, et oublie les autres (relégué à de la figuration ou des tentatives désastreuses pour nous faire rire). Evidemment, on devine très vite que le tout se termine au lit entre nos deux garçons et que Niwa sera forcément le seme (parce que, faut pas charrier, un gars athlétique qui se fait passer dessus par un morpion, ça se fait pas...). Le seul élément qui aurait pu s'avérer original est l'incroyable chance de Keita... A lire le résumé de Tonkam, on s'attendrait même à un peu de surnaturel. ERREUR ! Cet élément est sous-exploité, mal mis en évidence et finalement inutile (si ce n'est dans un passage mais cela reste maigre).

Si Gakuen Heaven ne brille ni par son dessin, ni par son scénario, sans doute se rattrape-t-il sur les personnages, alors...?

Eh bien, là encore, la réponse est non. Ceux qui ont déjà lu du You Higuri savent combien ses héroïnes sont agaçantes (à l'exception de Laila et Elizabeth, bénéficiant d'un QI plus élevé). Par exemple, tout lecteur de Seimaden a dû au moins fantasmer une fois la mort d'Hilda. Le lecteur de Gakuen Heaven, lui, aura sans doute envie de tuer Keita. Keita n'est qu'une planche à pain au cerveau riquiqui qui s'est fait greffer un pénis (et c'est sans doute pour cela que tous ces mâles qui ne se prétendent même pas gay veulent lui faire des choses). Comme beaucoup de uke, serait-on tenté de dire, sauf que Keita n'a en prime aucune personnalité. Il fait pourtant son maximum pour être gentil, respectueux des règles et légèrement pleurnichard... et c'est justement ça le problème ! Lorsque chez la même auteur, on a un Florian (Gorgeous Carat), encore un uke, qui n'hésite pas à résister à Noir, à le frapper et à agir pour sauver ses amis, autant dire que Keita fait légèrement pitié avec sa docilité.

Côté seme, le bilan n'est pas plus glorieux. Les personnages de Gakuen Heaven sont des archétypes... et c'est tout. Toujours à titre de comparaison, si Noir apparaît au départ comme le tortionnaire classique, il révèle bien vite ses faiblesses. Ici, ces messieurs sont parfaits et leur caractère se résume à un trait précis, montré lourdement dès que possible. Aucune nuance, aucune subtilité (non, Nakajima n'est pas subtil).

Reste enfin le sexe. Puisque nous avons affaire à un manga fanservice avant tout et ayant pour but de caser Keita avec tous les mâles du jeu (un par one shot), il est normal d'en attendre un minimum de ce côté. Autant dire que cela n'a jamais été le point fort de You Higuri et que Gakuen Heaven en est la preuve parfaite. Peut-être que les lecteurs qui n'ont qu'une maigre connaissance du boys love trouveront ces deux passages excitants. Pour les autres, You Higuri n'est ni Yamane Ayano, ni Yôka Nitta (deux mangaka travaillant aussi chez l'éditeur Libre). Certaines répliques se veulent osées mais la mise en scène et l'attitude des personnages (hormis Nakajima) ne collent pas tout à fait. Voir Keita dire "oh, viens plus profond", tout en conservant son minois innocent, a quelque chose de délicieusement drôle... et c'est hélas involontaire.

Côté édition, on notera quelques petites coquilles mais rien de bien terrible comparé à ce qu'on lit ailleurs (correcteur du volume 1 de Loveless, si tu passes par là...). La traduction semble correcte. A l'inverse, il est regrettable que Gakuen Heaven n'ait qu'une demi-adaptation des onomatopées. Si certaines sont traduites, d'autres non. Le papier est un autre point sur lequel l'éditeur aurait pu faire un petit effort, surtout au prix du volume. Avec sa légère transparence, il gache un peu la lecture.

On peut tout de même se demander ce qui a pu pousser Tonkam à publier ce titre, alors qu'il n'a qu'un intérêt limité pour les français, qui n'ont pas accès aux jeux (ou seulement via l'import ou des moyens moins légaux). En effet, si Gakuen Heaven n'est pas du tout un bon boys love, on peut comprendre son succès au Japon. Les gens ayant joué aux jeux ont inévitablement envie de lire le manga afin de prolonger l'aventure. Peut-être la mangaka insère-t-elle même des clins d'oeil au scénario de la série que le lectorat français, lui, ne percevra pas. Pour le public français, Gorgeous Carat aurait été préférable : certes, il n'est pas aussi érotique que Gakuen Heaven , mais le scénario est autrement plus interessant. De plus, même s'il s'agit d'un shôjo, les relations homosexuelles sont clairement plus évidentes que dans Cantarella tout en restant plus subtiles que dans le titre dont il est question ici...

Certains vous inciteront sans doute à acheter Gakuen Heaven, afin de promouvoir le boys love en France. Pitié, non !

Points forts :

  • ...

Points faibles :

  • Le reste
  • Et dire qu'il y a un anime de ce machin !

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