Alter Homo de Romain Mageau

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Créé le samedi 23 juin 2012 08:45
Mis à jour le samedi 29 décembre 2012 17:04
Écrit par Roshieru
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/!\ Ce livre a été lu à partir de l'édition numérique.

Titre : Alter Homo

Auteur : Romain Mageau

Nombre de pages : 270 pages

Editeur : Voy'[el]

Genre : science fiction, paléontologie et écologie

Prix papier : 20 euros

Prix de l'édition numérique : 5,99 euros

Machine de test : Cybook Orizon

Format du fichier utilisé : Epub

DRM : sans

Résumé : Quand les ossements de ce qui pourrait être un homme préhistorique, disparu de la surface de la Terre depuis plus de quarante mille ans, sont mis au jour en un lieu où cette espèce n’est pas censée avoir vécu, la communauté scientifique s’interroge. Le Professeur Charles Simon, éminent spécialiste de la question, et sa jeune assistante, Emma Morton, sont dépêchés sur place avec pour mission d’étudier ces vestiges et en déterminer la nature exacte. Les deux chercheurs ignorent alors que ce qu’ils vont découvrir dépasse de loin leurs plus folles espérances. Ce ne sont pas les restes d’un spécimen unique qu’ils vont mettre au jour, mais les traces d’une civilisation entière et jusque-là insoupçonnée. Cette découverte pourrait bien remettre en cause tout ce que l’humanité pensait savoir de ses origines et éclairer d’un jour nouveau son avenir.

Critique :

Je dois dire que mon premier contact avec Alter Homo, sur les cent premières pages, ne s'est pas fait sans heurt. L'absence de repère-spatio temporel, tout comme l'absence de descriptions précises des personnages et des lieux, m'ont fortement dérangée, tout comme la relative lenteur de la mise en place. Durant ces cent premières pages, on suit les découvertes paléontologiques de plusieurs personnages mais, la plupart du temps, nous n'assistons pas directement aux points culminants des fouilles, ceux qui devraient faire vibrer nos petits coeurs en même tant que ceux des héros (principalement Charles, puis Emma), et on n'en apprend la nature qu'au cours de conférences donnés par les personnages, principe qui sera répété presque jusqu'à la fin. Si on ajoute à cela que beaucoup de dialogues sont rapportés au style indirect, j'ai eu beaucoup de mal à me plonger dans l'histoire et à me sentir concernée.

Pourtant, je dois avouer qu'il n'en a pas été de même pour la seconde partie, où Romain Mageau réussit un tour de force scénaristique. Avec le recul, je me rends compte que certaines failles dont je parlais trouvent leur justification dans ce "cliffanger" et, par ailleurs, j'ai beaucoup aimé la façon dont il est amené. Au début, je pensais vraiment qu'il s'agissait d'incohérences scientifiques quand Emma faisait son exposé sur Giffresis, puis j'ai percuté et je me suis exclamé "ah, bravo !". Ensuite, je n'ai plus réussi à lâcher le livre et, même si j'ai encore trouvé quelques petites choses qui m'ont chiffonné, ce fut une très agréable lecture, à la fois pessimiste et optimiste (vous comprendrez à la fin comment un livre peut-être les deux à la fois). Je ne peux trop en dévoiler sans vous gâcher l'intrigue mais je pense que l'attente en vaut vraiment la chandelle. Bon, je vois ce que vous vous dites : "tu dis que c'est bien mais tu refuses de dire pourquoi". Ah, je savais que cette critique serait ardue à écrire et j'ai vraiment hésité avant de la faire !

Néanmoins, je continue de penser que Romain Mageau s'est un peu piégé lui-même par les choix de narration qu'il a fait. Son retournement de situation est intelligent et bien amené, et la suite du roman m'a paru beaucoup plus chargée en émotions et mieux écrite, tant pour les parties se situant dans un lointain passé que celle poursuivant la longue vie d'Emma. C'est une impression de lectrice mais pouvoir enfin révéler le pot aux roses lui a permis de s'exprimer pleinement sans craindre désormais de trahir le retournement de situation sur lequel reposait toute l'intrigue. De même, on pourra lui reprocher quelques écarts avec la science (notamment des langues : oui, la façon dont Hagi parvient à traduire les textes est impossible ou, du moins, repose sur une explication partielle sur le plan linguistique) et la logique (les noms des personnages) afin de ne pas trahir trop vite le point épineux. Si on est bien dans de la SF, mieux vaut garder l'esprit ouvert et se rappeler qu'il y a aussi le mot "fiction" qui apparaît dans l'intitulé.

Alter Homo est un court roman passionnant, surtout dans sa seconde partie, mais il est à réserver avant tout aux lecteurs patients.

Pour finir, il y a quand même un petit point qui m'a chiffonné : je ne comprends pas cette manie de remplacer "découverte" par "invention" et "découvrir" par "inventer". Plus que n'importe quoi d'autres, c'est vraiment ce qui m'a donné envie de passer ma liseuse par le carreau durant la première partie. J'ai été éplucher le CNRTL et je ne comprends toujours pas. À l'aide !

Pour conclure, je tiens à remercier Voy'el pour son offre numérique toujours aussi pertinente. S'il n'y avait eu que la version papier, je n'aurais jamais pu m'offrir ce livre et, même si je reste critique comme toujours, ce fut une très belle découverte.

Points forts :

Points faibles :