Dragon Age II

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Créé le jeudi 21 juillet 2011 21:05
Mis à jour le samedi 29 décembre 2012 17:04
Écrit par Miyu
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VisuelTitre : Dragon Age II

Titre original : Dragon Age II

 

Editeur : Electronics Arts

Développeur : Bioware

 

Date de sortie en France : 10 mars 2011

 

Série : Dragon Age : Origins (fiche à venir)

Add-on Awakening (fiche à venir)

Dragon Age III (annoncé)

 

Autre(s) support(s) : PS3 & Xbox

 

Prix :  18€98 neuf, à partir de 12€ en occasion, 49€99 sur Steam

 

Genre : JdR/Action

 

Rating : PEGI 18 (Sexe, drogue, violence, tout public quoi =P)

 

Online : Non

 

Bande Annonce :

 

Résumé : " Dragon Age II est un jeu de rôle/action sur PC. Vous y incarnez Hawke, un humain originaire de la ville de Lothering. Choisissez le sexe et la classe de votre personnage, et partez à l'aventure dans la ville de Kirkwall. [...]" (JVD.com)

 

Critique :

 

Tragique déception.

 

Ces deux mots illustrent autant mon avis de joueuse & de fangirl de Bioware qu'ils résument à merveille le scénario du jeu. Ah, parce que du tragique, vous allez en manger. De la déception aussi. Autant pour les personnages secondaires que pour Hawke, votre personnage, mais faisons les choses dans l'ordre.

Trois groupes deux mots maintenant : Unité de style, unité de traité, unité de présentation.

Voilà une maxime qui s'applique en art plastique et qui, à mon humble avis, devrait aussi bien s'appliquer aux jeux vidéos.

Car mettons un premier point au clair : Dragon Age II fait suite directement à Dragon Age : Origins, le jeu de rôle de l'année 2009, le jeu de rôle que l'on attendait plus depuis Baldur's Gate II, du même développeur. Pourtant, si sur le fond Dragon Age II fait suite à Origins, il n'a sur la forme que peu de points communs avec son illustre aîné, et c'est là qu'est le drame.

 

Après les Engeances, vous prendrez bien un peu de Mages ? Ou peut-être de Templiers ?

 

Commençons par le sujet, le scénario.

kirkwall

Pour faire simple, les mages sont parqués dans des tours que les Templiers, sorte de chevaliers anti-mages, gardent. Et attention, interdit de quitter la tour sans autorisation, ou d'être soupçonné d'être un mage du sang, sinon, c'est couic, saloperie de coquilles pour démons !

Vous, vous êtes le fils ou la fille aîné(e) de la petite famille Hawke. Votre père était un mage en fuite et votre mère, une noble. Vous viviez à Lothering, à Férelden, lorsque l'Enclin et ses hordes de monstres (Dragon Age : Origins) ont rasé votre village et vous ont forcé à fuir avec votre famille pour embarquer vers Kirkwall.

Sauf que Kirkwall est le siège des Templiers et qu'il n'y fait vraiment pas bon vivre pour un mage.

Vous suivrez donc Hawke à travers trois actes qui couvrent ses 6 ans dans la cité.

Le scénario, donc, il est rébarbatif. Je ne voulais pas y croire, mais un seul thème est constamment abordé, que ce soit dans la quête principale que dans les secondaires ou les annexes : les mages que l'on craint pour leur magie et plus encore pour la magie du sang, magie impie, sont persécutés par les Templiers.

Et on vous le sort à toutes les sauces, sans vraiment de variations. Autant dans Origins, il y avait un ou deux petits enjeux en plus derrière le sauvetage du monde, comme l'avenir du pays dans lequel vous évoluez, mais là, non. On vous parle quasi exclusivement des mages et des Templiers. Avec le pire et le meilleur de chacun des deux camps. Evidemment, vous serez amené à prendre parti, que vous le vouliez ou non. Vous êtes Héraut, c'est donc noblesse oblige.

 

varric humour

 

Le scénario est ceci dit dans la vaine de Origins. Il est sombre, violent, pessimiste. Ici plus que dans Origins,  le désespoir et la folie suintent de tous les protagonistes (même votre héros). Vous aurez bien du mal à apporter un peu de lumière dans ce monde au bord du gouffre, et vous êtes bien content d'avoir un ou deux compagnons encore sains et prêts à rire avec vous dans le cynisme et la bonne humeur. Surtout le nain, Varric, qui raconte votre histoire.

Alors, heureusement, les compagnons ont tous un petit quelque chose qui les rend attachants. Déjà, vous aurez votre frère, ou votre soeur, selon votre classe de personnage. Vous aurez quand même droit à l'emo de service (évidemment elfe), vous pourrez même retrouver un compagnon de l'add-on d'Origins, Awakening. Et que je vous rassure : non, EA n'a pas osé toucher à ce qui a contribué à la popularité de Baldur's Gate II, les romances sont toujours là. Ouf. J'ai beaucoup apprécié celle avec notre petit elfe emo à la grosse épée, personnellement.

Il est agréable en effet de voir pour la première fois votre personnage principal avoir un but et des quêtes personnelles qui le touchent. C'est un bon point que d'humaniser ce héros qui, lui aussi, a une vie d'homme ou de femme comme tout le monde avant d'être celui ou celle que d'autres considèrent comme un héros ou une héroïne. Fuir l'Enclin et mettre votre famille en sécurité est d'ailleurs votre premier but au tout début du jeu.

Autre point qu'EA n'a pas touché : le choix.

En effet, Bioware a gagné son galon de développeur de talent en mettant en scène ce qui fait d'un jeu de rôle un jeu de rôle : vous avez le choix, contrairement à un RPG japonais. Le jeu de rôle à l'occidental tient sur ça. Vous pouvez être un gros connard prétentieux, méchant, mauvais, dans Dragon Age II, encore plus que dans Origins, ça ne gêne pas. Vous ne serez pas bloqué parce que vous avez envoyé chier X avec une épée dans le cul. Vous pourrez toujours continuer sur le chemin choisi car vous aborderez le problème sous un autre angle.

Sachez d'ailleurs que si vous importez votre sauvegarde de Dragon Age : Origins, ou de l'add-on Awakening, dans Dragon Age II, tous les faits accomplis (ou non) par votre Garde des Ombres, de son origine à ses exploits, auront une influence sur la narration de l'histoire de Hawke. Vous pourrez également retrouver de vieilles connaissances, Zévran et Alistair, par exemple, avec, pour Alistair, de réels changements selon les choix effectués par votre Garde des Ombres, et ça, c'est cool ! D'ailleurs, Dragon Age III devra peut-être nous donner l'occasion de choisir entre notre Garde des Ombres, et notre Hawke, mais ça, c'est à voir. Si les scénaristes ont l'idée géniale de les faire se croiser, ce serait intéressant.

Vos choix auront des conséquences à plus ou moins long terme, et c'est parfois un vrai dilemme de tenter de deviner quel choix va vous retomber sur la gueule et de quelle façon.

Côté dialogue, vous pouvez choisir le ton utilisé par Hawke - juste et bon, charmeur et rigolard, ou sec et violent - c'est là une possibilité de faire du rôle-play, de jouer votre Hawke au moment comme si vous étiez à une partie sur table. Vous êtes le narrateur, le maître de jeu, et ça, rien que pour ça, là, maintenant, tout de suite, je me sens vachement moins amère. Je veux bien attendre 10 ans Dragon Age III et son monde en crise, si cette attente permet à Bioware de me pousser à remettre des bougies sur leur autel dédié à leur épopée dark héroïc-fantasy. Parce que sur le plan technique, ce Dragon Age II ne rattrape pas le caractère lassant du scénario.

 

Kirkwall, et puis c'est tout

 

Oui, dans Dragon Age II vous ne verrez que la cité de Kirkwall et ses environs. Ce qui fait un choc après avoir gambadé dans tout le royaume de Férelden lors de Dragon Age : Origins. Mais si c'était seulement ça ! Les environnements sont toujours les mêmes. Vous avez maintes fois l'impression justifiée de visiter toujours la même caverne ou le même entrepôt. Mais vraiment. Comme pour le scénario, en fait, diversité, 0. Quant aux quêtes annexes et secondaires, si elles sont nombreuses lors des deux premiers actes, elles se comptent sur les trois doigts d'une main de Gelfling lors de la dernière partie. Hélas, certaines sont buguées sur PC, notamment celles concernant Merrill, membre de votre compagnie. Heureusement que je ne l'aime pas, celle-là ! En parlant des graphismes, disons qu'ils s'accordent bien avec le ton du jeu. Côté armure et arme, c'est moche, disons-le. Moche et peu varié. D'accord, on est pas dans Sims, mais même dans Origins, il y avait plus de choix dans les apparences des armures, armes et casques ! Les bâtons de mage sont d'un laid ! Le summum, c'est le capuchon de la panoplie de mage du Héraut, un capuchon qu'on a vu nombre de fois sous d'autres noms, et qui ne ressemble à rien comparé à la complexité du reste de la tenue !

 

Il y avait moins de mages du temps d'ma maman

 

mage

Concernant le gameplay, autre point qui fâche. Dans Origins, vous aviez une fiche de perso, une vraie, une tatouée, avec des compétences à n'en plus finir, de combat ou pas. Là, comme Dragon Age II est plus orienté action que rôle, la fiche de perso est tristounette. Vous n'avez plus que les compétences de combat. Adieu la création d'objets ou les compétences sociales pour ne citer qu'elles. Pour les voleurs, ce qui touche au crochetage et au désamorçage de piège se résumera à mettre le plus de points possible en "Ruse," et c'est tout. D'ailleurs, je doute même que vous puissiez faire les poches. C'est quand même con !

Prenons la classe de mage. Dans Origins, vous aviez 5 ou 6 écoles différentes avec 3 lignes de sorts pour chacune. Les sorts dépendaient de votre score en magie pour être disponibles. Ben là, je vous le dis tout de suite, si votre kiff c'est de déchaîner les éléments et varier les attaques pour combiner les effets de sorts, vous allez être déçus. Plus de la moitié des sortilèges disponibles dans Origins ont purement et simplement disparu dans Dragon Age II. Pour débloquer de nouveaux sorts dans une école, rien de plus simple : dépensez vos points de compétence, c'est tout.

Autre chose que cette bâtardise jeu de rôle/action, réussie pour Mass Effect 1&2 du même développeur, mais ratée pour Dragon Age II, c'est la difficulté du jeu.

J'ai joué en difficulté Normale à Origins, et il y a eu bon nombre de combats que j'ai dû recommencer parce que je les avais mal abordés et que je me faisais laminer comme une pauvrette. Même un  que je n'ai jamais réussi à remporter, il me semble, tellement c'était tendu. Origins vous demandait un sous de jugeote et un poil de réflexion stratégique. Dans Dragon Age II, bourrinez, tout ira bien. On vous parle de combo interclasse, le mage faisant ci ce qui permet au guerrier et au voleur de faire ça, et l'inverse, mais en fait, bourriner, ça suffit bien. Les amateurs de jeu d'action seront comblés, les autres seront déçus par le manque de challenge. Il manque à Dragon Age II le souffle épique d'Origins. Problème qui avait été déjà présent dans Awakening.

Merde quoi, le boss de fin, le BOSS DE FIN, il n'a blessé AUCUN de mes équipiers ! LE BOSS DE FIN ! Celui qui est censé vous faire suer sang et eau, vous faire hurler parce que merde, vous n'avez plus d'énergie magique pour sauver votre guerrier de la mort. Et ben moi, mon mage, j'ai balancé tous les sorts en ma possession (donc, pas grand-chose) et je n'ai jamais été près de la moitié de ma barre de magie, et le boss n'a mis aucun de mes deux guerriers en danger. Mieux : PERSONNE N'A ETE BLESSE ! Merde ! Même dans Awakening, le boss de fin avait eu la décence d'être le seul boss du jeu à m'avoir donné du mal ! En difficulté normale !

Alors, pour les amoureux de la difficulté, mettez le jeu en difficile ou en cauchemardesque, parce que là, en plus, vous devrez gérer le tir ami, comme dans Origins. Parce qu'en normal, vous pourrez balancer des sorts de zone sans que ça blesse vos coéquipiers ou vos alliés. Du coup, vous me direz, j'avais qu'à mettre le jeu en difficile, oui, sauf que je n'aime pas être ralentie dans le scénario par de longues batailles fastidieuses. Mais là, même moi j'ai trouvé les bastons chiantes, parce qu'elles étaient justes longues. Le boss avant le boss de fin, pareil, les doigts dans le nez, sbires ou pas sbires en renforts, mais ce con n'arrêtait pas d'aller se planquer pour rameuter du monde. Long et chiant. Surtout quand le jeu menace de vous bugger à la tronche. Ah si, un boss qui vous forcera à faire attention : le dragon-sire. Là. Maintenant, vous savez. Pour du hard, comptez toujours sur le dragon.

Par contre, autre point que la bâtardise gâche : la caméra. Dans Origins, ont pouvait avoir une vue de dessus impeccable du champ de bataille sur plusieurs mètres. Là, c'est à peine si vous pouvez décoller les fesses. Pour beaucoup de combats, ceux qui impliquent des boss gigantesques ou beaucoup d'ennemis, on aurait apprécié avoir une caméra stratégique, histoire de ne pas avoir à jongler avec les angles de vue pour réussir à cliquer sur la bestiole ou voir qui est où.


Et la petite barde, c'est combien ?

 

Maintenant, du côté du son... Origins avait un bon doublage pour tous ses personnages. Là, votre Hawke est doublé, et il est à peu près bien, vos compagnons aussi, mais alors les autres... Quant aux musiques, sans être inaudibles, elles ne sont pas inoubliables.

 

Priez le Créateur !

enchantement !

En conclusion, Dragon Age II est un jeu fait à la va-vite. Il ressemble à son aîné, Origins, mais n'en a pas le goût. Il n'a pas la qualité d'écriture de son aîné. Et c'est bien dommage. Pourquoi ? Je l'ignore. Certains disent qu'il a été vite fait parce qu'EA, qui a racheté Bioware, voulait profiter au plus vite du succès de Dragon Age : Origins. En tout cas, Bioware a déçu nombre de ses fidèles, et j'espère qu'ils vont pouvoir rattraper le coup.

Le codex est vide. C'est comme si tout avait été mis dans Origins côté background et que Dragon Age II se devait juste d'exploiter cette passionnante base pour la baston. Je n'ai trouvé aucune nouvelle référence inspirante (comme le cycle arthurien, le folklore breton, les mythes nordiques, même les légendes galloises si j'ai bonne mémoire) qui rendent Origins si unique à mes yeux. Et personnellement, c'est ce point qui me déçoit le plus.

 

Y'a plus qu'à prier pour que Dragon Age III rattrape le coup.

 

Sur ce, je vais envoyer chier le monde avec mon Hawke guerrier, après avoir rigolé à la face de l'ennemi avec ma lanceuse de boules de feu.

 

http://dragonage.bioware.com/