Alpha & Omega 1 : Le cri du loup de Patricia Briggs

Note utilisateur:  / 0
MauvaisTrès bien 
Détails
Créé le lundi 28 février 2011 19:18
Mis à jour le mercredi 9 octobre 2013 19:59
Écrit par Kahori
Affichages : 6247

Alpha & Omega 1Titre : Alpha & Omega

Titre original : Alpha & Omega

Auteur : Patricia Briggs

Nombre de volumes : 1 nouvelle + 2 volumes (en cours)

Tome 0 – L’origine (On The Prowl – Alpha & Omega)

Tome 1 – Le cri du loup (Cry Wolf)

Tome 2 – Terrain de chasse (Hunting Ground)

Tome 3 – Fair Game (à paraître en janvier 2012 aux US)

Nombre de pages : 384

Éditeur : Milady

Éditeur original : Ace

Genre : Bit-lit, fantastique

Prix : 7 euros

Quatrième de couverture – Résumé de l’éditeur :

Anna a toujours ignoré l’existence des loups-garous, jusqu’à la nuit où elle a survécu à une violente agression… et en est devenue un elle aussi. Dans sa meute, elle a appris à faire profil bas et à se méfier des mâles dominants jusqu’à ce que Charles Cornick, Alpha, et fils du chef des loups-garous d’Amérique du Nord entre dans sa vie.

Il affirme qu’Anna est non seulement sa compagne, mais qu’elle est aussi une Omega d’une puissance rare… ce qui se révélera très utile pour traquer un loup-garou doté d’une magie si sombre qu’il pourrait menacer l’ensemble de la meute.

Résumé de la chroniqueuse :

Après les évènements de Chicago ayant conduit à la mort de Leo, son alpha, et à la découverte de son statut d’oméga, Anna déménage à Aspen Creek, dans le Montana. Là-bas, elle va devoir apprendre à connaître son compagnon, Charles Cornick, fils du Marrok et exécuteur de la meute, ainsi qu’apprendre ce qu’est son statut d’oméga et quelles sont ses véritables capacités que Leo s’était tant acharné à lui cacher.

Mais tout n’est jamais vraiment simple, à Aspen Creek. Alors qu’Asil, un vieux loup-garou instable, tente de semer la zizanie dans la relation naissante entre Charles et sa compagne dans le seul but de le provoquer, une série d’attaques se produit dans les Cabinet Mountains, un parc naturel non loin de là. Et il n’y a pas de doute : il s’agit là de l’œuvre d’un loup-garou solitaire ou contre le projet de Bran, le Marrok, de révéler leur existence au monde.

Charles, bien qu’il ne soit pas encore guéri de ses blessures de Chicago, est chargé d’aller mettre fin à ces attaques. Et bien qu’il y soit réticent, Anna parvient à le convaincre de la laisser l’accompagner.

Mais il apparaît bien vite qu’ils n’ont pas affaire à un simple loup-garou et qu’une autre force sombre et magique soit à l’œuvre. Et il semblerait aussi que le passé d’Asil n’y soit pas complètement étranger…

Critique :

Si vous avez lu la série des « Mercy Thompson », vous pourrez être choqué par la qualité de la traduction – ou l’adaptation – francophone. En effet, même si les deux séries ont en commun le même auteur (Patricia Briggs), ainsi que le même univers (rappelons que « Alpha & Omega » est un spin-off de « Mercy Thompson »), elles ont deux traductrices différentes.

Eh bien oui, cela est pour moi une information capitale pour une très bonne raison : en lisant le premier volume de « Alpha & Omega » après avoir lu les cinq premiers volumes de « Mercy Thompson », on s’attend forcément à une même qualité et style d’écriture. Si vous pensiez, vous aussi, que l’importance des traducteurs est secondaire, vous allez être obligé de revoir votre opinion là-dessus.

Après avoir lu les premières pages du premier opus de « Alpha & Omega », j’ai été pris d’un sérieux doute. La série des « Mercy Thompson » avait-elle été écrite de façon si maladroite ?

Voyez-vous, j’adore cette série. Aussi, en apprenant que son spin-off, ayant pour décor la meute du Marrok, allait sortir dans la langue de Molière, j’ai sauté de joie. Mais voilà : la lecture de ces pages tant attendues m’ont fait me demander si je n’avais pas été aveuglée par l’histoire au point de ne pas voir la qualité pitoyable de son adaptation. Car là, j’avais affaire à une traduction brute, presque littérale, qui souffrait d’un manque d’adaptation francophone et aussi d’un problème de ponctuation (pitié, allez en revoir les règles ! Sachez aussi que la ponctuation anglaise/américaine ne convient pas toujours dans les textes traduits en français ! Ou suis-je la seule à me hérisser face à un point-virgule mal placé ou utilisé ? Ou d’un abus de « est-ce que » ? Ou des confusions perpétuelles entre « quoi que » et « quoique » ? J’espère bien, pour notre belle langue de Molière, que non !).

Afin d’apaiser mes doutes au sujet de mon aveuglement, je me suis donc jetée sur les volumes de « Mercy Thompson » afin de comprendre ce qui n’allait pas. Et c’est là que j’ai découvert que la traductrice était différente. Voilà qui expliquait tout et qui faisait naître d’autres questions. Pourquoi deux traductrices différentes pour deux séries liées par le même auteur et par le même univers – et dont des personnages apparaissent dans les deux séries ? N’y a-t-il pas des correcteurs/adaptateurs pour vérifier que les traductions sont faites dans un français fluide et correct ? Est-ce si difficile de comprendre que, qui dit deux traductrices différentes pour un même univers et un même auteur, dit aussi deux interprétations et styles différents ? Ou la personne chargée de l’adaptation/correction de « Mercy Thompson » est-elle tout simplement plus douée que celle de « Alpha & Omega » ?

Enfin, bref. Vous aurez donc compris que la traduction/adaptation francophone de « Alpha & Omega », contrairement à celle de « Mercy Thompson », m’a particulièrement horripilée. Car si vous êtes, comme moi, friand d’une certaine qualité littéraire et de traductions bien fluides, celle-ci, trop brute, vous empêchera d’entrer vraiment dans l’histoire et de l’apprécier à sa juste valeur (il m’a fallu lire un peu plus de la moitié du « cri du loup » pour commencer – enfin – à faire fi des défauts de l’adaptation francophone et à en apprécier vraiment l’histoire).

Malheureusement, le choix éditorial d’avoir choisi une traductrice différente que celle de sa série « mère » n’est pas la seule erreur des éditions Milady.

En effet, il faut savoir que la série « Alpha & Omega », outre le fait d’être le spin-off de la série « Mercy Thompson », est la suite d’une nouvelle publiée dans le recueil « On The Prowl ». Or, alors que le tome 1 de « Alpha & Omega » est sorti depuis Novembre 2010 en français, la sortie de la nouvelle à l’origine de cette série (et de son titre !) n’est prévue qu’en Mars 2011 chez Milady. Et à l’heure où j’écris cette critique, il est presque sûr que nous n’auront droit qu’à la traduction de la nouvelle de Patricia Briggs, les autres nouvelles présentes dans « On The Prowl » tombant dans les oubliettes (il y a pourtant, dans ce recueil, aussi une nouvelle de Karen Chance, dont l’une des séries est aussi publiée en français chez Milady !).

Alors, un bon conseil : si vous avez déjà acheté « Le cri du loup » et que vous ne l’avez pas encore lu, attendez de lire la nouvelle « Alpha & Omega » (qui va paraître en français sous le titre « Alpha & Omega – Tome 0 : Les origines ») avant de le faire. Ainsi, vous ne vous retrouverez pas piégé dans une histoire dont le contenu ne correspond pas vraiment au résumé fait par l’éditeur (résumé dont seule la dernière phrase pourrait correspondre à ce premier opus, le reste résumant la nouvelle).

Car voici une autre conséquence de ce choix éditorial : si le prologue ne vous posera pas de problème (car il sert à introduire un nouveau personnage dans l’histoire, n’ayant a priori rien à voir avec la meute du Marrok ni avec Anna), les premières lignes du chapitre premier commenceront à vous en poser.

Ce premier chapitre étant la suite directe des évènements s’étant déroulés dans la nouvelle à l’origine de la série, vous vous retrouvez embarqué dans une histoire dont vous ne comprenez rien. C’est comme voir seulement les vingt dernières minutes d’un film : c’est bien beau tout ça, mais vous aimeriez quand même savoir comment et pourquoi les protagonistes sont arrivés à cette scène à cet instant précis – et ce n’est pas les quelques pauvres allusions distillées ici et là qui vont répondre à toutes vos questions.

Voilà donc un second handicap à ce premier tome de « Alpha & Omega ». Il est tel qu’il vous empêchera d’entrer directement dans l’histoire (et ce, même si la mauvaise adaptation francophone ne vous freine pas), ainsi que comprendre comment est née la relation entre Anna et Charles et le pourquoi du comportement d’Anna par rapport à son compagnon et à sa nouvelle meute. Vous garderez donc sans doute un goût d’inachevé après la lecture de ce premier volume. Ce manque sera sans doute comblé après la lecture de la nouvelle. Mais, en attendant…

Mais « Alpha & Omega – Tome 1 : Le cri du loup » n’a pas que des points négatifs, rassurez-vous.

Tout d’abord, Patricia Briggs nous offre ici un roman narré à la troisième personne. Cela pourrait un peu perturber les lecteurs de « Mercy Thompson », mais on s’en accommode bien vite – surtout qu’il y a plusieurs avantages à ce choix de narration.

Ainsi, au lieu de rester figé dans la vision de l’héroïne sur l’histoire, nous avons ici le droit de voir aussi celles d’autres protagonistes, ce qui ne fait qu’enrichir le scénario du « Cri du loup ». Tour à tour, nous suivons Anna et son adaptation à son statut d’oméga et à sa nouvelle meute, Charles Cornick et son boulot d’exécuteur (et son désir de finaliser le lien avec sa compagne), Asil et ses vieux fantômes, Bran dont l’image lisse est sérieusement égratignée…

Un autre point intéressant, c’est qu’on évoque dans cette série le rôle de l’oméga dans une meute. Ce thème est malheureusement très vite oublié dans les livres traitant habituellement de loups-garous (sans doute parce que les alphas nourrissent plus de fantasmes que les omégas). Et quelle oméga nous offre ici Patricia Briggs ! Son Anna, malgré qu’elle soit une louve-garou depuis trois ans, a pris l’habitude de servir de carpette dans son ancienne meute de Chicago et ignore tout de sa véritable condition. Nous pouvons donc ici apprendre à connaître petit à petit les vrais pouvoirs des omégas en même temps qu’elle, ainsi que la voir peu à peu reprendre confiance en elle. Bien sûr, nul doute qu’elle pourra paraître pathétique, agaçante dans sa fragilité et pitoyable au début pour bon nombre d’entre vous. Mais peu à peu, elle nous prend dans son piège et on la trouve particulière touchante. On n’a qu’une envie utopique : que la vie redevienne bien rose pour elle (mais comme on est sadique, on espère que cela restera bien utopique, hein ?).

La série « Alpha & Omega », c’est aussi l’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’univers de « Mercy Thompson » et sur le fonctionnement de la meute du Marrok et de ses principaux protagonistes. Ainsi, au fil des pages, on en arrive même à éprouver de la compassion pour l’abominable Leah, la femme du Marrok, pourtant décrite comme une mégère jalouse et égoïste. Et on se dit aussi que, au final, Bran n’est pas si angélique que ça (d’un autre côté, sachant qu’il contrôle tous les loups-garous d’Amérique, il fallait un peu s’en douter, non ?) et qu’il ne faut surtout pas réveiller le bon vieux loup qui dort. Et aussi, on apprend à connaître l’exécuteur de la meute, Charles Cornick, et l’on découvre qu’il n’est pas si insensible que ça et qu’il doit lui-aussi s’adapter au fait qu’il a à présent une compagne (sa première fois, en plus de 200 ans d’existence). Et puis aussi, il y a cette importante découverte : la meute du Marrok, c’est aussi un sacré ramassis de loups-garous dérangés (eh oui ! Même les loups-garous ont leurs cas sociaux !).

Le seul gros défaut du scénario que j’aie pu trouver dans cette histoire, c’est que la fin est beaucoup trop précipitée. À peine les hostilités entamées avec les responsables des attaques des Cabinet Mountains, que tout est déjà terminé. Du coup, il reste un arrière goût de « pas assez ».

En tout cas, les lecteurs ayant aimé « Mercy Thompson » apprécieront sûrement ce spin-off (et ce, malgré l’adaptation francophone – si vous êtes assez masochiste pour passer outre). Malgré ses défauts, « Alpha & Omega » reste un bon livre du genre bit-lit. Mais espérons cependant que Milady fournira davantage d’efforts pour l’adaptation de la suite dans notre belle langue de Molière !

Points forts :

Points faibles :